dimanche 11 décembre 2011

Sans jamais le dire*

Pas très envie de sortir. C'était prévisible, et prévu d'ailleurs dès le jour où j'ai pris ma place. Je me fais un peu violence. Ce sera extraordinaire. Comme toujours. Et puis, tout de même, depuis le temps que j'attends, pas question de renoncer.

La salle est quasiment vide. De vieux abonnés, une poignée d'initiés. Je ne m'y ferai jamais, c'est tellement incompréhensible. Un tel talent circonscrit à ceux qui savent.

Du coup, deuxième rang, plein centre. La dernière fois que je l'ai vu d'aussi près c'était... ah oui, quand même, avant 86 donc. Quoique, non, il y eut une autre occasion où ce fut plus proche encore, une période si heureuse qu'elle se perd un peu dans des brumes incertaines.

Le pianiste s'installe, puis une silhouette avance dans la brume.

Une vague d'émotion me submerge. Inattendue. Juste en le voyant avancer, encore indistinct. La dernière fois que j'ai éprouvé cette même sensation... Rien à voir pourtant. Ou bien au contraire ? L'émotion qui bouleverse l'âme, en révèle l'existence même. Et déjà une reconnaissance éperdue.

Comme c'est étrange ces applaudissements convenus. Je ne l'ai jamais vu auparavant que face à un public conquis, enthousiaste, même la toute première fois la communion était palpable, le silence intense, le rire libérateur.

Mais très vite même si la salle est loin d'être pleine les applaudissements sont aussi nourris que d'habitude, l'admiration habituelle au rendez-vous, l'intensité présente dès le premier mot.

Des mots connus par coeur pour la plupart, et pourtant jamais je ne les ai entendus ainsi, jamais si bien écoutés, ressentis. Comme d'habitude, comme toujours. Voilà longtemps j'ai assisté dans le même état à plusieurs représentations du même récital, jamais l'habitude ne s'y est insinuée, une émotion intacte chaque soir.

Une fois encore, je regrette qu'il n'en soit pas plus souvent ainsi. Que l'émotion ne soit pas toujours indicible. Que le paroxysme reste exceptionnel.

Le temps a passé et fait son oeuvre, mais la voix, le geste, la grâce, le sourire d'enfant même, sont toujours là. L'émerveillement le dispute un peu à la peine. Comment vit-on le temps qui passe ? A vrai dire, j'ai l'impression qu'il s'assume très bien, que c'est plutôt moi qui devrais me morigéner d'être si sensible encore aux apparences. Mais tout de même, cette salle, ce public clairsemé, refaire ses preuves après tant de triomphes ? séduire à nouveau des inconnus quand on est attendu ailleurs avec tant d'impatience, offrir une version minimaliste d'un spectacle encensé hier à peine ?

Mais non, il sourit, plaisante, complice, heureux, transfiguré. Comme avant, comme devant les acclamations parisiennes. Du bonheur dispensé avec tant de générosité. Un modèle, une voie qui se dessine, limpide, comme toujours.

Court, trop court, objectivement bien court. Je sors légère, ravie, pleine d'énergie. Et en même temps si fragile. J'ai besoin d'une pause pour me rassembler. J'ai bien fait de venir seule. Même si je regrette en même temps de n'avoir jamais convaincu personne de l'ineffable cadeau que ce serait à coup sûr.

A nouveau je sais. Et je ne veux plus l'oublier.

Mais l'euphorie se heurte violemment au mur de la réalité moins de vingt minutes plus tard...

Peu importe. Un moment de pur bonheur. Merci. Juste merci.




* J'ai longtemps tenu un journal intime. Lorsque les choses me touchent de trop près, impossible d'écrire clairement de quoi il est question. Une sorte de superstition pour que la magie n'aille pas disparaitre pas sous un jour trop cru...

dimanche 4 décembre 2011

Qui peut dire "C'est ma route et je l'ai choisie" ?

Une idée parmi d'autres dans le numéro de décembre de Marie France :
"Pour aimer son âge, il faut identifier ce que l'on a appris à chaque décennie, s'en sentir riche et ne pas céder sur ses désirs, explique le psychothérapeute Bernard Hévin."

D'abord dubitative, je remonte le temps, puis surprise, à chaque décennie en effet une image, un souvenir me reviennent.
10 ans ou presque, une rue, une radio, et à 10 ans je vis dans ce pays dont parlait le journaliste.
20 ans, une rencontre, la nuit, sur le quai d'une gare, qui se prolonge dans un train, avec l'inconscience éclatante de cet âge. Bien peu de temps après, vu d'aujourd'hui, un mystérieux rendez-vous romantique, une lettre pleine de charme d'un inconnu, puis un autre rendez-vous refusé malgré ce sourire engageant, après tout de même une légère hésitation.
Avant 30 ans mais pas si loin, changement radical, nouvelle orientation professionnelle, dans l'enthousiasme et auréolée de l'admiration quasi générale.
Avant que n'arrive la quatrième décennie, un autre bouleversement bien plus intime va entraîner une cascade d'événements, de remises en question et de départs.
La dernière... est trop récente sans doute pour y distinguer quoi que ce soit. Sauf qu'à bien y réfléchir, mais oui, c'est vers cette époque que fut franchi un nouveau pas, un nouveau changement qui à son tour en entraîna d'autres !

Finalement très intéressant ce petit voyage dans ma mémoire qui fait se dessiner une route. Si ça vous dit d'esquisser la vôtre...


La Route
Georges Chelon


Une route sous le vent, s'en va vers un ailleurs.
Elle est longue, longue, longue, comme un cri du coeur.
Elle commence à l'école, sous les jours de pluie,
Elle continue, un peu folle, son enfance et puis...

C'est une route sauvage qui cherche un bonheur,
Un compagnon de voyage pour voir en couleurs
La montagne, la rivière, les petits matins,
Puis elle passe la frontière du premier chagrin.

Sur la route raisonnable que l'on fait à deux,
Dans un décor confortable, on s'ennuie un peu.
Les photos de la famille, comme des regrets,
Posent de face et de profil sur la cheminée.

Qui peut dire : "C'est ma route et je l'ai choisie" ?
Est-ce qu'elles se rejoignent toutes au bout de la vie ?
Sur la route de mon temps, qui va vers ailleurs,
Moi je n'entends que le vent comme un cri du coeur.

samedi 3 décembre 2011

J'aurais dû

y penser plus tôt !

Journée déprimante qui suit une semaine éprouvante, envie de rien, un tour sur deezer juste pour meubler le silence.

Et soudain un regain d'énergie, entre plaisir et souvenirs émus.




lundi 21 novembre 2011

Haute sécurité

Souvenir surgi de cette lecture.

Dans mon souvenir j'étais encore une petite fille, si je croise les dates je devais avoir 12 ans. Nous étions dans une rue commerçante avec ma mère lorsque j'ai entendu des cris, des hurlements qui m'ont paru certainement plus tragiques qu'ils n'étaient. Et puis j'ai vu.
Des hommes en uniformes qui en traînaient un autre sur le sol. Celui qui criait. Et se débattait comme un beau diable.
J'en suis restée d'abord tétanisée, avant de m'effondrer en larmes dans les bras de ma mère assez désemparée devant mon désespoir ce me semble. Mais ça c'est une constante...

Quoi qu'il en soit, je crois que c'est cet acte fondateur-là qui me tétanise toujours lorsqu'il est question d'arrestation. Ce jour-là, indissolublement lié à un autre. Un autre qui a dû avoir lieu bien des années plus tard puisque j'étais seule dans une gare. Mais les deux événements sont intimement liés dans ma mémoire, comme s'ils s'étaient en réalité succédés.

Une gare. Une foule. Et soudain, juste en face de moi, un homme menotté, encadré par deux hommes en uniforme. Le temps s'est arrêté. Vraiment. J'ai regardé cet homme. J'ai dû blêmir je crois. Chanceler certainement parce que je sens encore, juste en y repensant, le coup que j'ai cru recevoir de plein fouet. Un coup véritable, comme un poing qui m'aurait traversée pour continuer à me broyer de l'intérieur. Une sensation animale, instinctive, antérieure à toute pensée consciente.
Et cet homme, cet inconnu dont les entraves me broyaient le coeur, m'a regardée et m'a adressé un franc sourire, lumineux, chaleureux. Un sourire que j'ai instantanément perçu comme une volonté de me rassurer.
Je suis intimement convaincue qu'il a voulu, lui, me rassurer, qu'il avait conscience de cet abîme qui venait de s'ouvrir à mes pieds et qu'il m'a en quelque sorte tendu la main.

Je ne peux pas plus l'expliquer aujourd'hui que lors de ces jours à présent lointains, mais l'idée même de la contrainte physique, et plus encore, de la privation de liberté me ravage au-delà des mots.

jeudi 27 octobre 2011

Jeudi, déjà ?!?

Une pluie ininterrompue vient de succéder au vent furieux qui a soufflé toute la nuit.
Le temps passe à son rythme qui n'est décidément pas le mien.
De liens en liens, mais pas tant que cela, des retours, des départs, des nouvelles pas toujours bien roses.
Du temps pour lire mais pas tellement le désir nécessaire, ou rien d'enthousiasmant peut-être, non finalement c'est bien un manque d'appétit - parfaitement inédit d'ailleurs.
Des nuits agitées qui finissent en réveils tardifs.
Deux vies parallèles, et en même temps pour le coup les rencontres sont plus douces et cent fois plus agréables.
Et du travail, tout le temps, rien d'insurmontable, rien d'envahissant, c'est juste que je n'arrive pas à décrocher, pas du tout. J'y pense tout le temps et j'y reviens plusieurs fois par jour malgré toutes mes bonnes résolutions.
Des jugements à l'emporte-pièce, des critiques haineuses, une atmosphère délétère, mais je renonce chaque fois à la brève tentation de répondre. A quoi bon ?
Du calme, beaucoup. Une série quotidienne pleine de bons sentiments. Du temps, luxe suprême quoi qu'il en soit. Quelques recettes à peaufiner. Une à la fois pour cause d'estomac devenu fragile. Un certain confort tout de même et je m'en rends bien compte.

L'automne serait bien plus supportable en couple amoureux devant un feu de cheminée. Mais il ne faut pas s'y tromper : la mélancolie possède elle aussi bien des charmes !

vendredi 21 octobre 2011

Moi, j'assemble des mots...

Ecrire sans autres contraintes que celles qui vont structurer le texte, sans autre justification que le plaisir.
Ce plaisir intime et secret de voir des idées prendre forme, ce plaisir sensuel de l'outil qui glisse sur le papier, presque animé de sa vie propre, ce plaisir accueilli d'un air modeste de voir s'éclairer le regard de l'auditeur, d'entendre un murmure flatteur, ce plaisir si rare de partager une pensée, un rêve, une chimère.
Ecrire pour rien, pour soi, pour l'autre. Voir naître une histoire, surgir un thème, découvrir la force d'une passion qui se glisse presque inconsciemment de l'âme aux lettres.
Ecrire en toute confiance, en toute amitié, à égalité.
Se dire, se retrouver, se reconnaître dans les mots d'un autre.

Longtemps, longtemps, il n'y eut que la lecture. La puissance du Verbe nul besoin de catéchèse pour en ressentir tout le poids. Il eut fallu peser, mesurer, chaque mot, toujours choisir celui-là seul qui convient, qui met au monde pour oser prendre la parole... même écrite. Car du texte naissaient les mondes, et les portes. Les portes vers l'ailleurs, vers l'idéal, les portes de l'intime, celles qui éclairent le tumulte de confuses sensations, celles qui mènent aux arcanes secrètes de l'univers.

Sur l'autel de l'imagination aujourd'hui se sont rejoints des mots, des mots écrits, des mots dits, des mots choisis, des mots surgis, des mots liés d'une secrète alchimie.
Et ce fut doux et fragile et rassurant.

dimanche 16 octobre 2011

Faut-il être raisonnable ?

Faut-il voter pour quelqu'un qui ne nous a pas convaincu, que l'on n'envisage pas dans le rôle auquel il prétend ?
La réponse me semble être dans la question...
Et pourtant il semble qu'il faille être raisonnable, que le but soit plus important que l'étape, que les jeux soient déjà faits.
Mais non, moi je ne veux pas établir de stratégie, fut-elle "gagnante". Lorsqu'on me demande mon avis, je souhaite l'exprimer cet avis qui, paraît-il, ne peut être majoritaire. A quoi bon me le demander sinon ?
Sans compter que tout de même chat échaudé craint l'eau froide.
Jamais plus je ne voterai par défaut.


Faut-il voir un signe dans le fait que les liens refusent obstinément de s'insérer dans ce message ?... Je lance quand même, quelques lignes dans l'océan, ce n'est guère important de toute façon.

samedi 17 septembre 2011

L'école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialiste(s ?)*

17 septembre déjà... L'été tardif n'aide guère à s'en rendre compte, mais la reprise a bel et bien eu lieu.
Un (très) grand garçon au lycée, devenu coquet sans même que je m'en aperçoive, désormais semblable à ces jeunes gens si différents de nos collégiens qui discutent en groupe sans éclat de voix mais pleins d'assurance.
Beaucoup de nouveaux collègues, toujours plus jeunes sauf rares exceptions, pas vraiment inquiets, plutôt sûrs d'eux en apparence, et guère enclins à l'indulgence - au moins dans leur discours.
Des élèves égaux à eux-mêmes et fort loin de l'image malgré tout idéalisée de ceux à qui étaient destinés les textes et les progressions élaborées en été... Chaque année le choc est le même entre le bruit quasi constant, l'absence de travail, et l'insolence dont ils ont à peine conscience. Mais cela me rassure malgré tout de ne jamais parvenir à trouver cela naturel.
Une classe enthousiaste aussi tout de même, les questions jaillissent, ils font eux-mêmes le lien entre ce qu'ils connaissent et ce qu'ils découvrent, et boudent un peu de ne pouvoir lire, répondre, intervenir aussi souvent qu'ils le voudraient... Un vrai bonheur, et du coup une heure très intense à chaque fois !
Déjà une concertation programmée une fois par semaine avec une collègue enthousiaste dont l'énergie est communicative. J'ai conservé de très mauvais souvenirs de la seule année où la concertation fut obligatoire et bénévole mais pas du tout désirée... Cette fois (bon, nous n'en sommes qu'à deux réunions en même temps !) le plaisir et l'échange semblent au rendez-vous et la séquence à venir prend déjà une forme plus riche et élaborée que si je l'avais conçue seule.
Une surprise inattendue pour l'emploi du temps également, la proposition de commencer à 10 heures une fois sur deux sans que j'aie rien demandé... même si rien ne semble devoir bouger par contre pour la journée à éclipses (cours à 8 h, à 10h, à 13 h 30, à 15 h 30...)
Quelques achats plaisir, quelques aménagements, même si le temps a manqué pour tout ce que j'aurais voulu.
Un premier rendez-vous gastronomique le premier octobre et l'occasion de retrouver quelques désormais ex-collègues ou plus ou moins nouveaux retraités.
Non, décidément, une belle période... ne manque plus qu'à s'habituer aux réveils bien trop matinaux six jours par semaine et ce sera quasi parfait !


* Albert Einstein
J'ai emprunté l'idée ici ;-)

mardi 23 août 2011

La vie d'un homme

Intriguée par les commentaires d'un film à venir sur Canal, je tombe par hasard sur ce texte de Maxime Le Forestier.

Texte que je reconnais aussitôt : nous l'avions "étudié" en seconde avec une enseignante plutôt démago. Du genre à raconter sa vie au lieu de faire cours, à nous abandonner deux heures dans une salle avec un vague sujet de rédaction*, et en l'occurrence à proposer d'étudier une chanson de notre choix...
Un camarade avait apporté son disque (33 tours !), elle avait photocopié le texte de la chanson et... consciencieusement démoli le texte et sa pauvreté. Je me souviens encore de l'air interloqué de l'élève lui disant que ce texte était dédié à Pierre Goldman. "Comment le sais-tu ? - Ben... c'est écrit là..."

D'où je conclus bien des années après que mon professeur de français de lycée ne s'intéressait pas plus que moi à l'actualité... Quand je pense comme je suis restée longtemps traumatisée par celle qui m'a accompagnée deux années durant au collège dans le goût des mots et des auteurs, traumatisée par une réflexion acerbe sur notre désintérêt de l'actualité, sur l'indignité des êtres humains qui ne se tenaient pas au courant de la vie de la cité et de l'état du monde...

Ces dernières années j'aurais bien souvent préféré être à nouveau bien loin de ce quotidien-là pourtant et pouvoir sans effort, sans y penser, m'abstraire de ce flot d'informations de moins en moins dignes, de plus en plus affligeantes...



Tiens, cela me rappelle un autre souvenir de ce passé décidément bien révolu : la trêve de Pâques et de Noël qu'observaient les journalistes dans un autre siècle...

Les souvenirs sont choses bien étranges, à l'improviste j'aurais juré que cette séance, comme celle des deux heures en "autonomie", avait eu lieu au collège. Mais la date ne permet aucun doute, et en effet jamais Madame V. n'aurait eu pareille attitude ! Non, c'était bien cette étrange enseignante de seconde qui nous parlait un bon quart d'heure de ses cartes de visites avec un faute de français "un comble pour une ???" (il me semble qu'elle nous parlait de son grade universitaire mais je n'en suis plus du tout certaine).
Et tout naturellement me revient alors le souvenir de notre professeur de lettres en première. Madame A. brillante et lointaine, mais d'un physique lourd à porter, et pas mal chahutée, quand je buvais ses paroles et ses analyses de poèmes. Elle continuait imperturbable à lire, expliquer, révéler la magie des textes...



* Et je me souviens comme si c'était hier du poème écrit en capitales rouges par un camarade dont nous découvrions à cette occasion l'engagement...

lundi 8 août 2011

Le silence est d'or ?

Le poids des mots n'a rien d'un slogan en ce qui me concerne. Aussi loin que remontent mes souvenirs la puissance du verbe a toujours été une réalité quotidienne. Un seul mot peut faire surgir, à l'instant, une scène d'une redoutable précision. L'impact d'une phrase peut me déséquilibrer physiquement, et résonner encore des années et des années plus tard.
Alors il est devenu bien rare que les mots jaillissent sans réflexion hors de ma bouche. Et dans une situation difficile, parfois, je tente de ne pas même penser certains mots parce que ce serait donner à une réalité que je refuse une force démesurée, insupportable.
Le dilemme est que ces mots "bloqués" ne disparaissent pas pour autant, que ce qui n'a pas été dit n'a pas été réglé non plus, que personne n'a pu atténuer la violence qu'ils véhiculent, ou offrir un regard neuf et la distance nécessaire pour faire la part des choses.

Affrontement brutal, inquiétant, incompréhensible hier soir. Impossible d'en parler à quiconque. Mise à distance en guise de mode de survie. Sauf que je n'ai pas aimé ce refuge là, sauf que j'ai eu l'impression d'un deuil intime.

Alors j'essaie quand même de mettre quelques mots sur les choses, sans les dire, mais en y réfléchissant il me semble.

vendredi 1 juillet 2011

La der des ders




Cette fois, c'est officiel : je suis en vacances.

Les premiers jours sont toujours un peu étranges, entre étonnement et relâchement des tensions accumulées - je sens déjà les prémisses de l'angine... Sans compter que je ne réalise pas tout de suite, loin s'en faut !

Rencontre hier, à l'occasion des corrections du Brevet, d'une collègue de Lettres tout feu tout flamme. Pour elle la cause était entendue, elle se sentait déjà en vacances. Pour le coup, j'ai mis des mots sur mon ressenti : je n'arrive pas à concrétiser cette "fin", entre les dernières notes, les derniers cours, les dernières heures avec une classe à peu près complète, la dernière heure avec telle classe, le dernier jour de classe, les dernières réunions - pour préparer la prochaine rentrée, bien souvent ! les corrections, les derniers élèves dans la cour, le dernier jour, les pots de départ, le repas de fin d'année, le pot de fin d'année, le dernier week-end. Toutes ces "dernières fois" qui se succèdent étirent la fin dans un flou un peu compliqué à gérer. Une coupure bien nette ce serait plus facile et plus clair il me semble.

Sans compter que distance et susceptibilités aidant, tout le monde n'est pas présent ni au repas du mercredi ni au pot du vendredi midi, et du coup j'ai encore moins l'impression d'avoir fini, en tout cas pas comme je l'aurais voulu, n'ayant pas pu dire au revoir à tout le monde...
Encore que cette année un départ en retraite sera fêté le 8 juillet, et en dehors de ceux qui sont déjà sur le départ nous devrions être encore nombreux à nous réunir une "dernière" fois !

mardi 21 juin 2011

Que le ciel un moment nous ait paru si tendre...

Cette fois la fin d'année se profile nettement : classes réduites à des demi-groupes, chaleur étouffante, réunions quotidiennes, invitations diverses pour fêter les départs en retraite - ou les collègues qui vont aller voir sous d'autres cieux si l'herbe y est plus verte.

Et pour embellir encore les choses, deux livres passionnants d'un seul coup après des mois de disette ou d'absence de désir. Le nouveau chapitre de La Fraternité du Panca de Pierre Bordage et un roman que je classerais volontiers comme autobiographique de Jean d'Ormesson "C'est une chose étrange à la fin que le monde".

C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midis d'incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n'est si précieux peut-être qu'on le croit
D'autres viennent Ils ont le cœur que j'ai moi-même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s'éteignent les voix


Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l'aube première
Il y aura toujours l'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n'est le passant


C'est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont chez eux
Comme si ce n'était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre...


Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu'à qui voudra m'entendre à qui je parle ici
N'ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle


Louis Aragon

mercredi 8 juin 2011

Soleil levant

Même si, ou justement parce que, la période ne s'y prête guère, j'ai bien envie de participer ici à un joli sujet trouvé ailleurs.

J'ai passé une bonne année parce que...

- Pour la première fois depuis bien longtemps je sens une sympathie professionnelle de la part de ma hiérarchie
- J'ai bénéficié d'un emploi du temps presque parfait
- J'ai réussi à n'étudier que des textes que j'aimais tout en respectant le programme
- Des élèves réputés irrécupérables ont clairement montré qu'ils appréciaient qu'on leur consacre du temps et de l'attention
- L'inspection s'est bien passée alors que jamais je ne m'étais sentie aussi tendue
- Et ce jour-là la classe fut méconnaissable, attentive et pleine de bonne volonté, sans une seule exception
- J'ai pu assez souvent m'offrir une séance de cinéma rien que pour moi, sans rien faire passer avant ce moment de détente
- J'ai découvert de très nombreux blogs et sites où je n'étais plus du tout "la seule à..."
- Je suis sur la bonne route pour m'accepter telle que je suis
- Les nouveaux collègues pour la majorité d'entre eux sont vraiment sympathiques et enthousiastes
- Une, non deux personnes ont montré une attention, une gentillesse tout à fait inattendue
- Peut-être que l'amitié évidente de l'adolescence ne se limite pas à cette seule période de la vie
- Il m'arrive d'être presque sereine dans ma pratique professionnelle
- Le quotidien est parfois déconcertant de facilité
- Entre deux pics de crise je vois assez clairement mon amour, mon tourment devenir un homme
- J'ai parfois pleinement conscience de la fragilité et du miracle qu'est la vie...




Ça vous dit d'essayer aussi ?


dimanche 29 mai 2011

La confidence sauve de l'asphyxie

Avis aux gentils visiteurs : inutile de réagir, ça va passer, sûr et certain.

Je crois que la citation vient d'un livre d'Amélie Nothomb.

Sale période à la limite de la dépression, avec des hauts et des bas comme d'hab. sauf que les bas plongent très, très profond.

Fin d'année, sentiment exacerbé d'inutilité, de n'avoir servi à rien, de n'avoir pas su réagir comme il le fallait, de n'avoir pas su trouver le chemin pour atteindre ce petit garçon perdu, ce petit monstre d'insolence, cette pimbêche, et la liste est infinie.

Relations familiales perturbantes entre indifférence, rancunes, colères et... bonheurs inattendus. Amy me fait monter les larmes aux yeux, c'est un comble tout de même ! Mais rien de surprenant, vieux souvenirs des familles de rêve dans les livres comme dans les séries et choc brutal de la réalité forcément plus abrupte.

Vie sociale au point mort et pas du tout envie d'y changer quoi que ce soit. Pas envie, pas envie. Rien à faire : dans ces cas-là se forcer ne fait qu'empirer les choses.

Vie sentimentale, un vrai désastre chaque fois que j'y pense. Il ne faudrait plus y penser. Mais bien sûr c'est dans ces moments-là que l'on n'a pas la moindre prise sur ses pensées...

Et pourtant, je vois bien les sourires, la beauté, les surprises, la foi même. Je vois, je ressens, j'apprécie. Mais rien n'assouvit mon désir, rien ne vient, ne peut combler l'attente.

Up dit-on ailleurs... Ce sourire séducteur, cette confidence impromptue, ce poème, ce temps donné, ce cadeau naïf, ce signe amical, ce sourire sincère, cette confiance comme une évidence, cette attention désintéressée, ces découvertes, ce désir de connaissances, cette profondeur, cette sagesse, cette hauteur de vue, ce regard vrai, cette question sincère, ce compliment inattendu, la nature en fête.

Ça va passer, forcément.
Diversions dérisoires. Je voudrais sombrer tout à fait et remonter à la surface heureuse de vivre et de respirer. Mais ça ne marche pas. Rien ne fonctionne.

dimanche 22 mai 2011

No way out

J'ai subi tant de pressions dans ma vie que j'ai intégré sans en être pleinement conscience une technique de survie.
D'abord prendre une décision, seule. La garder secrète le plus longtemps possible. Puis brûler tous mes vaisseaux.



Parfois après tout une victoire est au bout de la route.

samedi 21 mai 2011

Scénario

A. est la femme discrète d'un homme connu et puissant. Sa famille se retrouve en pleine crise lorsque son mari est impliqué dans un scandale sexuel. Lorsqu'il est envoyé en prison suite à cette affaire, A. doit trouver un nouvel appartement où ils vivront sous surveillance. Son mari porte un bracelet électronique et ne peut quitter l'appartement. Devant les caméras, les journalistes, la cour, elle doit afficher pour son mari un soutien sans faille alors même qu'elle vient d'apprendre son infidélité...




jeudi 19 mai 2011

Devenir adulte, un si long chemin...

Les bonnes nouvelles aussi méritent d'être écrites. D'un coup, d'un seul, voilà mon petit garçon devenu grand...

De plus en plus attentif à son apparence.

Enfin à nouveau capable de discussions sérieuses, suivies. Et désormais solidement argumentées. De son propre chef.

Presque responsable et raisonnable, plus sûr de lui, réfléchi...


Je sais bien que les montagnes russes ne sont pas loin, mais ce sommet-là me rassure, oh combien !


et me rend fière aussi quand même...

dimanche 15 mai 2011

Présomptions

Sale ambiance un peu trop souvent, un peu trop régulièrement. Des jugements à l'emporte-pièce. Des cris de haine qui ne prennent plus la peine de se déguiser. Des justiciers en puissance à chaque page, de commentaires à pleurer en commentaires à hurler de colère et de rage.

Je n'aime pas la société qui se dessine, je n'aime pas les meutes, je ne comprends pas la vengeance, et moins encore la tranquille assurance de ceux qui jugent sans savoir ni chercher à comprendre.

Les larmes aux yeux devant les visages des croyants du culte arménien ce matin. Peut-être un signe. Sensibilité exacerbée peut-être. Peut-être tout autre chose.

"Il n'y a rien de plus terrible que les braves gens". Elle m'a toujours fait frissonner cette chanson, mais finalement ils n'ont vraiment rien de "braves gens". Les braves gens s'étonnent, se soucient, ceux qui condamnent et s'endorment méritent bien d'autres qualificatifs.


Si demain le soleil se levait à l'ouest,
Je parie cinq ans de ma vie, pour autant qu'il m'en reste,
Que pas un de la ville, que pas un ne dirait:
"Tiens, c'est drôle, aujourd'hui le soleil se lève à l'ouest."
Si demain l'on trouvait le moyen de vivre mille ans,
Parmi les gens qui se battraient pour être sur les rangs
Pas un ne se dirait: "Pourquoi vivre mille ans?
J'ai déjà tant de mal à remplir le quart de mon temps."
Si demain l'on disait que faire l'amour est défendu:
"Ne vous aimez que par le coeur ou vous serez pendus",
On manquerait de bourreaux pour tuer tous les gens:
Ce n'est pas tant l'amour que faire l'amour qu'on aime tant.
Si demain les fabricants de responsabilités
Ne donnaient plus à l'homme même une porte à garder,
Il ne pourrait plus fuir celui qu'il est,
Et qui peut vivre avec lui-même sans se désespérer?
Hier les jurés ont jugé l'insouciance d'un enfant,
En leur âme et conscience, ils l'ont condamné à vingt ans.
Ils sont rentrés chez eux, chagrinés mais contents,
Il n'y a rien de plus terrible que les braves gens.
Tiens, c'est drôle, aujourd'hui, le soleil se lève à l'ouest.


SI DEMAIN par RolFOLIO

vendredi 29 avril 2011

Mes amis d'autrefois...


Le site Copains d'avant signale l'arrivée d'une nouvelle photo. En dehors de celle que j'ai fini par accepter comme la mienne au fil des années (et ce fut un long combat en vérité !) je n'y reconnais aucune image. Mais incorrigible nostalgique des années d'enfance je laisse un message à l'intention de la seule amie dont je me souvienne de cette lointaine époque (classe de 6° quand même...)
Celui qui répond est sur la photo un garçon souriant qui ne m'évoque absolument rien. Mais son commentaire m'interpelle : il s'interroge sur les mécanismes de la mémoire. Sujet récurrent s'il en est dans notre profession !

Et de fil en aiguille, je m'interroge aussi sur les destins. Ce garçon apparemment populaire et souriant à son entrée au collège est devenu réalisateur. Et en même temps, ce garçon bien enraciné qui a suivi toute sa scolarité de collégien dans le même établissement du sud habite aujourd'hui à l'autre bout de la France.

Nous déménagions tous les deux, trois ou quatre ans (quatre ans étant un record de durée en réalité) et j'ai toujours cru que cela avait à voir avec ma réserve et mes difficultés à me lier, comme à ce besoin de racines quitte à les enjoliver un peu.
Cette année de 6° ne fut pas très facile, et à posteriori je mets cela sur le compte de... l'entrée en 6° justement ! Mais finalement, je me demande...

A mieux y réfléchir, je me souviens d'une photo (perdue, dommage) où le jeune photographe avait obtenu de ma part un vrai sourire. Et je m'en souviens comme d'un exploit alors que je devais avoir dans les 8 ans à l'époque... Même sur les photos de toute petite fille je ne souris pas. Ma mère raconte souvent que le regard de sa petite fille l'impressionnait (pour ne pas dire l'effrayait...), trop grave et trop sérieux...

Il semblerait donc bien que les déménagements et déracinements répétés n'y soient pour rien, ou au pire n'aient que renforcés une pente naturelle.

En d'autres temps d'intense introspection j'avais quand même supposé qu'il aurait été plus facile de faire accepter sa différence ou sa particularité dans un groupe qui vous aurait toujours connu. Et voilà que je n'en suis plus si sûre après tout.

Evidemment, je replonge dans le passé. Et redécouvre mes livrets scolaires. Sauf cas bien particuliers, les commentaires ne se superposent pas du tout à mes souvenirs. Et un seul nom me parle clairement : le professeur de Lettres en première, éblouissante d'érudition mais qui parlait presque toujours dans le brouhaha et faisait comme si de rien n'était - un vrai cours magistral pour le coup ! Les professeurs de collège n'ont pas mis leurs noms, juste la matière, dommage, j'aurais aimé vérifier si là aussi mes souvenirs travestissent ou non le passé.

Quête sans doute inutile et sans fin, après tout même les souvenirs les plus enracinés dans la mémoire familiale divergent considérablement selon la personne qui les évoque.

Oui, la mémoire et son fonctionnement sont fort mystérieux, tout autant que les cheminements personnels. Et cependant je crois profondément que tout pourrait s'expliquer, se dessiner avec une aveuglante clarté si l'on pouvait prendre le juste recul pour le faire. Et je garde cette conviction que ce pourrait être possible au dernier moment de cette vie.

Ou lors d'une "seconde d'éternité", cette étrange expérience qui ne dure qu'une fraction de seconde mais où tout semble prendre sens de toute éternité, où soudain le parfait équilibre de l'univers devient perceptible. Une expérience impossible à oublier et dont pourtant la vérité s'estompe presque aussitôt.


Et tout ça pour une photo de classe !

dimanche 3 avril 2011

Les jours passent, je demeure

Une journée qui devait se dérouler sans heurt brutalement interrompue par un triple appel affolé que je n'écoute, honte à moi, que deux heures plus tard. Du coup, je file, monte quatre à quatre les étages, pour retrouver un petit filou qui certes s'est fait mal mais ne réclame en aucun façon une visite aux urgences...
Le lendemain est une journée ensoleillée, de celle qui vous donne envie de rire et de danser. Et c'est ce jour-là que se déroule une petite conversation légère et souriante dans une ambiance aussi confiante que décontractée. Décidément cet homme et ses défauts m'agréent de plus en plus...
Le jour suivant est un samedi chargé mais pas trop qui devrait se dérouler calmement sous un ciel d'azur. Sauf que, non seulement le ciel reste gris et l'atmosphère humide, mais un méchant virus a choisi son moment pour attaquer. Je ne résiste pas au-delà de la matinée et me réfugie sous la couette... dont il faudra bien émerger tout de même pour accomplir au moins ce qui ne peut être retardé davantage. L'air frais me fait du bien, accalmie mensongère car la nuit fut fort difficile !
Et voilà que le soleil repointe le bout de son nez en cette fin d'après-midi dominicale. Bien sûr il restera à faire tout ce qui fut par force négligé sur ces derniers jours, bien sûr la forme n'est pas encore au rendez-vous, mais tout de même je me sens bien, paisible en somme.

samedi 26 mars 2011

Prendre en main son destin

Cette année, j'ai pris un abonnement spectacles avec une collègue - histoire de ne pas réitérer les renoncements de dernière minute de l'année dernière...
Nous sommes donc parties guillerettes et bien décidées à ne pas nous laisser envahir par la fatigue accumulée.
Le spectacle était gai et dynamique. Ma collègue riait aux éclats et commentait parfois. (J'ai horreur de ça mais je l'aime bien, elle, et c'était vraiment ponctuel). Derrière, juste derrière moi, un couple particulièrement extraverti : la fille poussait des hurlements sans cesse et son ami hurlait littéralement ses commentaires... De quoi me gâcher le plaisir. Mais le problème n'était pas là et j'en étais bien trop consciente.

Et au lieu de me laisser malgré tout entraîner (comme je le faisais autrefois) quitte à n'en garder aucune véritable émotion mais en appréciant juste l'ambiance, l'énergie, les occasions de sourire ou de suivre le rythme. Au lieu d'apprécier en somme, j'ai réfléchi... Réfléchi à ce sentiment de retrait, limite de mal être que je ressentais, cette fâcheuse impression de n'être pas à ma place, à me demander si je n'aurais pas bien mieux fait de rester tranquille à la maison. Si oui ou non, j'allais accepter d'accompagner ma collègue à un autre spectacle, non prévu, le mois prochain.

Et de fil en aiguille, c'est à moi que j'ai fini par m'en prendre. A juste titre, car j'étais bien seule responsable de mon absence de plaisir et de lâcher prise !

Il serait quand même plus que temps que je fasse en sorte d'obtenir ce qui me manque, que je fasse les efforts, les démarches nécessaires pour ne plus subir et enfin choisir vraiment ce que je veux, ce qui me manque tellement.


Guidoni Olympia 83 - 9 - Je marche... par Arcalod



Qu'importe que j'y perde, je veux l'inaccessible

samedi 12 mars 2011

Introspection impromptue par un jour de tempête...

Le poste de télévision est calé sur la deux, vacances aidant je me réveille bien plus tard que d'habitude et tombe sur Thé ou café. Comme je fais deux, trois choses en même temps je ne réagis pas de suite. Parce qu'en vrai je n'aime pas du tout C. Ceylac et il se trouve que je n'aime pas non plus l'actrice invitée, Karine Viard. Sauf que mes occupations ne concernant pas l'auditif j'entends... et je finis pas écouter. Et j'aime bien ce qu'elle dit l'actrice et j'aime aussi son visage maquillé, sa coiffure étudiés pour faire dame.

Du coup, je m'interroge. Parce que je continue à ne pas trop l'aimer, elle. Quelque chose me gêne. Quelque chose que je finis par identifier : sa voix, sa façon de parler, que je ne peux absolument pas m'empêcher de trouver vulgaire. C'est nul, archi nul de juger sur les apparences, si j'apprécie ce qu'elle dit, si je remarque ses efforts d'élégance, qu'importe sa façon de parler ? Mais non, rien à faire, ça me gêne. En fait, c'est bien pire, je me sens réellement agressée...

Et je réalise ce qui affleurait à la conscience depuis longtemps en réalité. Le monde m'agresse. Bien trop souvent. Alors je fuis, je me replie, je m'isole. Et le moindre contact un peu rugueux prend des proportions démesurées. Cercle sans fin.

La question est "Ai-je envie de changer ?". Et la réponse pas évidente du tout. Certes les rencontres, les sourires, la légèreté rendent la vie plus simple et plus souriante, mais ce désir de douceur, de délicatesse, d'attention est lui quasi vital. Chaque fois que j'essaie de passer outre, que j'essaie de me joindre à un groupe où, fatalement, à un moment ou à un autre quelqu'un, quelqu'une va se montrer hautain, méprisant, suffisant, catégorique - voire franchement vulgaire et déclencher les rires gras - c'est comme si j'en ressentais physiquement les blessures. Parfois même un mot, une phrase peuvent produire une onde de choc qui me déséquilibre, au sens propre, une micro seconde. Et je me demande si cela ne m'atteint pas plus profondément même que je n'en ai l'impression sur l'instant.

Réflexions sans importance d'un jour de tempête...

samedi 5 mars 2011

Regain




Effet printemps ou vrai regain d'énergie, je ne sais mais voilà longtemps que les vacances n'avaient pas été aussi agréables et fructueuses !
Bonne humeur et forme physique au rendez-vous, il est vrai que cela aide, si en plus le soleil est généreux...
Le dernier point noir reste les nuits pas franchement paisibles ni reposantes, mais une fois levée tout s'enchaîne et j'ai même l'impression d'avancer dans mon "programme de vacances" finalement. Pas au point de pouvoir jeter la liste de sitôt mais vraiment pas si mal.
Des journées équilibrées et bien remplies sans horaires impérieux sans contraintes, ce pourrait être bien agréable la retraite finalement. A condition d'y arriver en pleine santé toutefois !







jeudi 3 mars 2011

Initiés, vraiment ?...

Voilà des jours et des heures que j'essaie de comprendre d'abord en quoi consiste exactement les options SES, PFEG, MPS, SL, SI, ensuite comment choisir. Eh bien, c'est très loin d'être évident ! En fait, il est tout aussi difficile d'obtenir des informations claires et lisibles que de savoir ce qui vaut mieux et dans quelles circonstances. Une CO y retrouve peut-être ses petits - et encore certains conseils de classe m'en font largement douter... mais un élève ou même ses parents, hum, hum.
Ce que j'ai bien l'impression de comprendre par contre, c'est à quel point certains intitulés ronflants recouvrent du vent...

Mieux vaut je crois être aussi optimiste que possible et croire que tout est toujours possible aux coeurs vaillants...

Ah, j'entends dans le fond certaines voix grommeler que cette suite de lettres barbares est quelque peu indigeste ? A qui le dites-vous !

mercredi 2 mars 2011

"odieux" ont-ils dit

Tenir un blog en prise avec l'actualité n'est vraiment pas chose facile. J'essaie vainement d'exprimer ce que je ressens à propos de cette "affaire Galliano" et je réalise un peu surprise que c'est plus difficile que de livrer parfois un peu de soi. A moins qu'il ne s'agisse de cela justement ? Livrer un peu de soi sans rien maîtriser ? Quoi qu'il en soit je n'y arrive décidément pas. Et je n'ai pas totalement envie de renoncer non plus. Alors voilà, juste écrire cette impossibilité là et dire en creux que quelque chose me heurte dans cette rupture brutale.

samedi 19 février 2011

En équilibre sur un fil



Journée, voire week-end, qui s'annonce en demi-teinte, comme le ciel qui passe et repasse du grand soleil aux nuages.
Le double cap difficile a été franchi. Maintenant que l'épreuve est derrière moi, je ne comprends plus pourquoi elle m'a autant perturbée. Et en même temps, je sais qu'il en aurait été ainsi quoi que je fasse, et même si j'avais le pouvoir de me projeter dans l'avenir. Certaines choses ne changent pas, et visiblement cette sensibilité-là ne me quittera jamais.
Restent à présent ces petits bonheurs qui sont nés, ma foi, de la tension. Une rencontre, un - non deux ! compliments inattendus qui me sont allés droit au coeur, une spontanéité nouvelle fort agréable à ressentir, la bonne volonté inattendue et touchante de toute une classe, le retour de cette énergie que je croyais avoir pour toujours égarée en route, une prise de conscience, une bien meilleure résistance au stress et du coup une relation apaisée, des conflits désamorcés presque sans effort.

Désolée pour ceux (celles !) qui vont encore me trouver sibylline. J'avais juste envie de mettre en mots les émotions contradictoires de ces derniers jours.

Et maintenant que la pression retombe : migraines, vertiges, absences ! Le corps joue parfois de drôles de tours... Mais je fais le compte de tout ce que j'y ai gagné, trouvé, (re)découvert et la vie est belle et douce...

mardi 8 février 2011

A bientôt

Retour après le 15 février... lorsque j'aurai enfin l'esprit libéré de ce qui doit arriver. C'est idiot mais je n'arrive pas à trouver le détachement nécessaire.
Alors à la semaine prochaine !

vendredi 28 janvier 2011

La pluie qui brille

Etrange période entre fatigue et énergie rayonnante, entre déprime et conviction, entre solitude et belles rencontres du quotidien.

Une fatigue prégnante et ce n'est pas le décompte des jours qui restent qui va m'aider à l'oublier !
Une énergie qui m'épate parfois moi-même, question de survie aussi il faut dire quand il faut tirer ou porter à bout de bras non seulement des élèves apathiques mais aussi un adolescent à la maison...
Déprime persistante dont je n'arrive pas à bien cerner les raisons. Certes le moindre rayon me laisse entendre que la saison n'y est pas pour rien, mais l'hiver n'explique pas tout. Bien sûr le temps passe, mais quand j'ai l'occasion de me retourner sur le chemin parcouru, non ce ne sont pas les regrets qui dominent. Le désarroi dans lequel me plonge le monde tel qu'il va, oui sûrement, mais je reste une incorrigible optimiste lorsqu'il s'agit de l'humanité. Les coups successifs que nous prenons derrière la tête ? Ah, oui, aussi quand même. Ce doit être la conjonction de l'ensemble...
Et peut-être que le contrecoup en est justement cette certitude qui m'anime, cette volonté d'avancer, ces projets plus ou moins raisonnables, ce désir intact de partager mon amour des mots et des livres, ces batailles usantes parce que toujours recommencées pour affirmer qu'il y a du bon en toutes choses et en tout être. (Mais oui, mais oui, parfois j'ai du mal à m'en convaincre moi-même avec certains ! Mais l'idéal en reste bien vivace malgré tout).
La solitude. Ah là, c'est un problème aussi récurrent que majeur et qui ne risque pas d'être résolu de sitôt. De toutes façons je n'arrive pas à savoir ce que je veux vraiment. C'est juste devenu un peu plus pesant lorsque j'ai franchi le demi-siècle : les possibles s'amenuisent tout de même !
Mais au jour le jour que de lumières, de sourires, de merveilles entrevues, de petits plaisirs sans prix...

Ce salut chaleureux qui s'accompagne d'une main juste posée sur mon dos
Cette inquiétude désintéressée pour ma santé
Ce remerciement enthousiaste pour trois fois rien
Cette approbation qui fait tant de bien
Ce si gentil "Bonjour, Madame, vous allez bien ?"
Ce regard émerveillé
Ces élèves impatients de répondre, tout étonnés de découvrir leur propre savoir hors les murs de la classe
Ce compliment de l'intervenante sur nos élèves si mal perçus dans la ville
Ce petit signe amical de cette amie qui croule pourtant sous les soucis familiaux
Ce tutoiement spontané après des années corsetées
Ces partages si généreux entre inconnus partageant seulement les mêmes difficultés
Voir aussi l'adulte autonome qui se dessine sous l'ado rebelle
Entendre sa fierté devant la réussite à laquelle il prétend n'attacher nulle importance
Le rayon qui perce et modifie radicalement l'atmosphère

Et, encore une fois, mais c'est tellement vrai, lire ici et là, jour après jour, d'autres vies quotidiennes, entre humour libérateur et colère exprimée, entre révolte et engagement, entre poésie et provocation, entre tendresse, beauté et courage...

Et vous ? Une liste de petits bonheurs, ça vous dit ?


lundi 24 janvier 2011

Vanité, vanité

19 h 22, il m'a quand même fallu tout ce temps pour revenir à une juste vision de choses...
Rien de grave pourtant. Juste un déplaisir qui a duré plus qu'il n'aurait dû. Juste un mot pour un autre.
Mais non, finalement, je ne veux être que ce que je suis.
Alors puisqu'il n'est pas question de devenir autre - ni autre qui m'exaspère, ni autre qui triche, ni même autre dévouée et corvéable à merci - il faut aussi accepter de ne pas recevoir les mêmes compliments.
D'autant que ces compliments, à bien y réfléchir, je n'y aurais pas cru de toutes façons.
Allez, sans regret.
Au moins j'aurais sérieusement réfléchi à la question de l'image et de l'identité. Et retrouvé une vision plus claire de ce qui compte pour moi.

vendredi 21 janvier 2011

Ames soeurs

Est-il vraiment possible de connaître quelqu'un ? La question me trottait en tête, mais en la formulant, une évidence s'est imposée.
C'est presque une constante d'ailleurs, formuler une pensée permet bien souvent de découvrir une réponse qui ne demandait qu'à naître à la conscience...
Et donc, là, en "posant" la question, me reviennent aussitôt les souvenirs de rencontres fulgurantes. Encore que le mot prête à confusion. La certitude de comprendre et d'être compris procure plutôt un sentiment de paix, une harmonie tranquille que la semi violence évoquée par le mot fulgurance - sauf à le choisir pour ce monde qui se déploie en moins d'une seconde. Une paix pareille à ce lac calme qui, paraît-il, permet de garder la maîtrise de soi dans les conditions psychologiques extrêmes. (Déjà faudrait-il, dans ces moments-là, être encore capable de penser à la technique en question !)

Or donc, je crois que c'est parfaitement possible. Bien mieux, je le sais d'expérience. Connaître quelqu'un d'évidence, le reconnaître comme une âme soeur.

Pourquoi donc cette interrogation ? Parce qu'elle revient assez fréquemment me semble-t-il sur les blogs. Ce doute à propos de la valeur d'une rencontre virtuelle.
Bien sûr, il est vraisemblable que nombreux sont les internautes qui s'attachent à ne laisser paraître que la meilleure part d'eux-mêmes. Sans aucun doute même ceux qui cherchent à être aussi vrais et sincères que possible sont-ils parfois trahis par l'acte même de s'exposer et de le faire par écrit - un filtre puissant assurément.
Mais tout de même, plus on écrit, plus on se livre, même sans le vouloir. Souvent sans s'en apercevoir, ou en le réalisant après coup, parfois même de façon abrupte une fois confronté à la réaction d'un visiteur.

Et donc, il me semble, oui, que ceux qui m'emportent depuis des jours ou des mois sur les ailes de leurs mots ressemblent à l'image que je m'en fais.
Une image mentale, une impression, rien d'un portrait physique, ni même d'une quelconque analyse. Juste comme ces visages inconnus qui en évoquent irrésistiblement d'autres bien plus familiers, juste comme ces gestes qui éveillent un souvenir que l'on ne savait pas si prégnant, juste comme ces histoires qui font tellement écho que l'on perd le fil de la discussion... pour y retomber sur un mot comme déjà entendu avant même qu'il ne soit prononcé.

Comme une petite soeur de M. si sage, si douce, toujours positive même face à sa propre souffrance. Une autre V., tornade intransigeante mais toujours attentive et présente aux autres. Comme ce condisciple à l'élégant mystère que je n'ai jamais osé aborder. Comme une belle personne aussi bienveillante et généreuse que F., aussi directe que réfléchie. Un autre A., clair et assuré, sans jamais être tranchant pour autant, un A. qui trouverait même là une autre de ses facettes, la passion parfois brutale d'A. M., ou encore l'irrésistible bonheur de vivre tellement communicatif de MP.

La famille humaine, je le ressens parfois si profondément que je ne peux qu'y croire, de tout mon être. Famille toujours recomposée, toujours renaissante, aussi multiple que semblable à chacun de ses membres. Et dans cette famille ceux dont il est plus facile de se sentir proche. Mais aussi, par le miracle de l'écrit et de la distance, ceux auprès de qui on resterait paralysé en face à face, ou faussement distant dans une même pièce, mais qui, de message en message, se révèlent bien plus qu'accessibles, bien plus que chaleureux : pairs.





Et la liste serait bien plus longue si je devais recenser toutes ces personnalités qui me retiennent ici longtemps, longtemps, de plus en plus longtemps, jour après jour.

samedi 8 janvier 2011

Auspices

Bon, l'année nouvelle en est déjà à son huitième jour d'existence.
Quelque chose aurait-il changé ?

Un vrai sourire un matin. Cadeau des plus inattendus, étant donné que les sourires deviennent denrée rare chez certains (?) ado, et que les matins sont plutôt des périodes d'énervement intense...
Un dessin offert par une petite élève très, très timide qui a cependant osé venir me l'offrir devant ses camarades à la fin de l'heure.
Un "Bonjour madame Axel !" sonore et tout à fait sincère devant le portail où la plupart des élèves deviennent brutalement aveugles et sourds à l'approche d'un enseignant.
Des voeux qui ne pèsent pas alors que je redoute d'ordinaire la tournée obligatoire, il m'a semblé que tout le monde était souriant et de bonne humeur, y compris ceux qui prétendent mal supporter les embrassades, même les personnes d'ordinaire un peu hautaines ont souri.
Une collègue qui prend des nouvelles de ma santé juste parce que j'avais mentionné la veille un muscle douloureux causé par le froid intense qui régnait dans les salles. Une collègue dont je ne cesse de découvrir les qualités quand je l'avais bien trop vite cataloguée quelques semaines après son arrivée. Mon instinct ne doit plus du tout être aussi sûr que je le croyais...
Un projet monté à toute vitesse un jour plus que chargé mais fini dans les temps. Les projets transversaux, je veux bien, mais les critères de choix il va falloir que je les trouve ! Documents ouverts le jeudi midi pour le lundi suivant... Réunion officielle - évidemment inutile et obligatoire - le jeudi soir, et l'autre participante absente le vendredi... Un dossier de cinq pages par élèves monté, photocopié, agrafé le vendredi. Je suis carrément fière de moi !
Des réveils matinaux certes toujours aussi difficiles mais vite oubliés : la fatigue ne dure pas.
Des bruits lancinants chez les voisins le samedi matin, en plus des volets claqués avec vigueur tous les jours de l'année à 7 h... mais ce matin je me dis juste que cela va me permettre d'employer utilement toute ma journée. Et de fait, deux lessives, les décorations de Noël à la cave, un peu de ménage, la boulangerie, et il me reste encore du temps pour faire un tour par ici avant midi !
La disparition du sapin qui transforme le salon : il avait fallu réaménager un peu pour lui trouver une place, puisque le jeune homme voulait "un vrai sapin, et un grand !" Et du coup, je redécouvre l'espace. Pas tout à fait satisfaisant, mais l'idée se précise peu à peu d'un nouvel agencement.

Je ne sais si quelque chose a changé mais il semblerait que ce début d'année s'annonce sous les meilleurs auspices.