lundi 31 mai 2010

Et pendant ce temps, le monde est à feu et à sang

C'est vrai, il serait temps que j'arrête de pleurer sur mon sort. Si préoccupée que je n'apprends que ce soir ce qui s'est passé avec cette flottille de bateaux humanitaires.

Des nuits difficiles essentiellement à cause de relations compliquées avec un ado en révolte, déjà si difficile à comprendre. Des journées pas faciles avec d'autres ados surexcités, pas du tout concernés par les cours, ni même par la politesse la plus élémentaire. Des réunions qui se multiplient. Celle d'aujourd'hui, déjà appréhendée, se révèle plus stressante encore que prévue. De l'ambition à l'oeuvre, cet individualisme forcené qui devient la norme. Premier accroc : est-ce que je n'aurais pas moi-même tendance à dériver vers ce côté détestable ?
Et bien sûr, envolées les bonnes résolutions, je dévalise les placards !

Premier appel, celui qui décroche prend des nouvelles quand il aurait lui-même tant de raisons de demander du réconfort... Deuxième petit coup au coeur, il s'inquiète en silence à juste raison et j'appelais pour tout autre chose. J'ai honte.

Deuxième appel pour tenter de penser à autre chose. Plus d'une heure de conversation (moi qui n'aime pas du tout parler à un interlocuteur invisible, un exploit !) pour raccrocher définitivement persuadée que mon mal être m'a conduit à un égoïsme insupportable, qu'il n'est plus question de disperser mon énergie pour ce qui n'en vaut vraiment pas la peine.

Bon, l'idée avait déjà fait plus que m'effleurer, mais je n'arrivais pas à soulever la chape, et puis les échappatoires habituels se dérobaient clairement.

Et un premier entrefilet, puis un article, un second, les infos... La crise, les factures, les retraites, les suppressions de postes, certes. Mais les luttes oubliées, mais les injustices, mais la misère...

Bonne résolution sur forme vacillante, mais une prise de conscience salutaire je crois, après cette piqûre de rappel déjà avec Béranger et Escudéro qui m'ont ramenée aussi à des souvenirs de Chéreau, de Jean Guidoni, plus loin aussi mais là-bas je pouvais invoquer une sorte de légende dorée, la mémoire est si trompeuse parfois.

Non, décidément non, plus question de se tromper de combat et de voie. Finis les apitoiements et les inquiétudes, finis aussi les attitudes et les discours raisonnables. Demain j'assume.

Demain.

dimanche 30 mai 2010

Un jour, de gauche bien rangés...

Vive les nouvelles technologies : en explorant les fonctionnalités du décodeur TV j'ai finalement passé la soirée d'hier à enchaîner les vidéos de François Béranger.



Et les souvenirs ont afflué, du TLP et des cars de CRS à la sortie, des enthousiasmes et des serments, des discussions enflammées jusqu'au coeur de la nuit, de toutes ces émotions, de la découverte brûlante d'autres voix.





Aujourd'hui les soucis du quotidien, l'inquiétude diffuse pour l'avenir, une morosité bien entretenue par ceux qui sans doute y ont tout intérêt, et parfois, comme un éclair de lucidité, un rayon lumineux, le souvenir d'une révolte, d'un engagement, d'une humanité.

samedi 29 mai 2010

Joli mois de mai


Attention, attention, note formellement déconseillée en période sombre...






Se payer une déprime au mois de mai, quand le soleil brille de tous ses feux, que les oiseaux chantent au petit matin calme, que les semis se transforment en plantes vigoureuses... c'est une première tellement étonnante que le temps de l'interroger met un instant le nuage en déroute.

Et du coup au lieu d'aller m'assombrir davantage sur les blogs d'humeur, je découvre celui des rondes qui prétendent s'assumer. Entre cake et chocolat, tartines de pain aux céréales, et autres cafés très sucrés, voilà que les nuits deviennent difficiles en plus des miroirs qu'il vaut mieux éviter.

Je devrais arrêter de me prendre la tête avec des responsabilités qui ne sont même pas les miennes, avec des échéances sur lesquelles je n'ai guère de prise, avec des nouvelles toujours plus déprimantes, avec des demandes irréalistes, avec des hypocrites intéressés que je devrais ignorer au lieu d'épuiser des forces dont j'ai bien besoin ailleurs pour continuer à leur sourire aimablement...

Je devrais, mais la tâche est si rude que les livres me tombent des mains, que la musique me fatigue, que les films peinent à retenir mon attention, alors qu'est-ce qu'il peut bien rester pour l'éclaircie ?

L'écrire n'est pas vraiment le défoulement espéré, allez zou, je sors, juin va arriver...

samedi 15 mai 2010

En mai, fais ce qu'il te plaît

Le ciel reste gris, l'humidité s'installe, j'ai beau vouloir me raisonner, rien à faire, c'est totalement déprimant.
Pendant des années, les éditions Danglars et leurs conseils qui n'étaient pas encore "new age" m'ont permis de rester positive, de toujours voir le bon côté, de ne jamais renoncer à un projet à cause des circonstances extérieures...
Il semble qu'il me faille aujourd'hui trouver une autre méthode. Je revenais de loin pourtant. Objectivement, nombre d'obstacles qui paraissaient alors insurmontables n'existent plus, la vie pourrait sembler bien plus douce, plus sereine aussi.
C'est sans doute que les responsabilités sont aussi bien plus grandes, plus nombreuses. Que le temps qui reste n'a plus rien d'un horizon lointain. Que l'avenir ne semble plus offrir tous les possibles, bien sûr ce n'est probablement pas la vérité, mais l'imagination cède plus facilement le pas à une morne raison.
Il suffirait de presque rien pour que l'atmosphère change à nouveau, sauf que dans ces périodes grises les petits riens semblent justement trop insignifiants.

Une "nouvelle" étoile défie les connaissances humaines. Il semblerait que l'univers ait créé plus d'étoiles dans sa jeunesse que par la suite.

Les coquelicots avaient disparu suscitant l'inquiétude d'une enseignante de mes années collège, aujourd'hui j'en vois absolument partout, éclosion joyeuse et anarchique.

L'homme de Néanderthal n'est plus une branche parallèle disparue corps et bien.

L'ADN semble appuyer la thèse d'une mère universelle, pas la première femme pour autant, et d'une même tribu partant à la découverte de la terre.

"Le monde est ce qu'il est et t'aurais tort de dire
Le monde est ce qu'il est et t'aurais tort de dire
Le monde est ce qu'il est et t'aurais tort de dire
Qu'il est laid"

(Pas disponible, mais j'aime bien celle-là aussi) :

mercredi 5 mai 2010

La communication

Une chose en entraînant une autre... Tombée par hasard sur l'une des interview de Jérôme Kerviel, j'avais été assez surprise par sa maîtrise du discours - et son élégance, au passage. Il semblerait d'après un blog sur la justice (Aliocha il me semble) qu'il bénéficie d'un conseiller en communication.

Ce qui me rappelle cette tenace et pénible impression de plan fort bien concerté contre les fonctionnaires en général, et les enseignants en particulier puisque ceux-là m'intéressent d'un peu plus près... Ces rappels permanents des vacances, des grèves, des congés maladie forcément suspects, bref de tous ces jours où, comble de l'horreur, ces chers petits sont privés des cours qu'ils suivent avec tant d'intérêt et d'assiduité... Ces rapports multipliés sur le rythme scolaire "pas du tout adapté" à celui "des enfants" - en oubliant au passage que le rythme n'a jamais été conçu pour le confort des enseignants, cette lourde insistance sur les vacances d'été effroyablement longues, une coupure insupportable, un gouffre dans lequel sombrent toutes les connaissances péniblement accumulées durant l'année, ces études sur le niveau catastrophique des élèves français comparés "à d'autres" même si la comparaison ne tient pas deux minutes à l'examen de toutes les variables...

Et, pour faire bonne mesure, les "publicités" quotidiennes sur l'indispensable réforme des retraites, ces interrogations renouvelées sur "l'injustice" quasi insupportable des "privilèges" accordés aux fonctionnaires dans ce domaine (le "aussi" qui suit n'a pas besoin d'être exprimé tant il s'entend fort !).

A tout prendre, qu'un jeune homme jeté en pâture au mépris populaire prenne en main sa communication me gêne infiniment moins que de voir cette même communication au service de ceux qui prétendent sans rougir oeuvrer pour le bien public...