dimanche 12 octobre 2014

Erreur de copie

Au temps où je dévorais les livres sans penser à retenir le nom de l'auteur, j'ai lu avec passion le récit d'un homme qui devient fou à force d'essayer en vain de prendre la lumière en défaut. J'en ai gardé toute ma vie la certitude que "la nature ne fait jamais d'erreur". Une sorte de déclinaison d'un autre mantra "Les voies du Seigneur sont impénétrables", dont j'ai découvert des années plus tard la version anglaise à la poésie aussitôt adoptée "Lord moves in mysterious ways".

Et voilà que la foudre s'abat sur mes certitudes en plein juillet. Il semblerait qu'une erreur se soit produite lors d'une duplication de cellules. C'est peut-être ce héros improbable cherchant à piéger la lumière qui m'empêche toujours d'y croire, même quand la douleur me plie littéralement en deux.

C'est difficile en même temps d'imaginer une menace mortelle tapie en soi sans que l'on en ait conscience. Encore que... en réalité je crois l'avoir compris, deviné, senti, bien avant l'annonce officielle. Exactement comme j'ai su être enceinte bien avant un médecin clairement dubitatif.

Enfin bref, après toutes ces semaines hors du temps, entre impuissance et douleurs, mais surtout impuissance, je me retrouve enfin telle qu'en moi-même, malgré cet étrange ennemi silencieux que l'on doit combattre avec une puissance telle que ses "effets secondaires" sont apparemment plus violents que leur cible.

Rien n'est sûr, l'avenir proche comme lointain ponctué de rendez-vous et d'échéances mais je ne me sens plus dépossédée, et ça, c'est une vraie bonne nouvelle, une autre raison, que d'aucuns qualifieraient d'irrationnelle, d'y croire à nouveau.

jeudi 5 juin 2014

J'ai des tendresses pour les loups qui roulent des pensées sauvages

Petite réflexion en passant. A propos de cette inclination bien enracinée en moi.

Je me demande si ce sont les livres qui nous changent, ou si c'est de trouver un jour dans un livre ce qui restait informulé qui nous mène à la littérature.

Quand l'élève est prêt, le maître apparaît toujours. Il semble que cela soit dérivé d'une pensée bouddhiste, même si je l'ai entendu dernièrement dans une série policière.

Je n'ai pas de réponse, juste des questions qui mènent à une sorte de rêverie sans fin sur le comment et le pourquoi. C'est un état que j'ai toujours aimé, d'aussi loin que je me souvienne.

J'ai des tendresses pour les loups qui roulent des pensées sauvages, à défaut de trouver un enregistrement du texte chanté par Alain Aurenche, une idée très semblable chez Juliette :


juliette - les garçons de mon quartier par bisonravi1987

J'avais mal cherché :

dimanche 18 mai 2014

Grandeur et décadence

Le battage médiatique autour de Jérôme Kerviel en ce moment me conduit à m'interroger sur la chute, sur ma perception de la chute plus exactement. Oui, j'ai des cheminements de pensée quelque peu tortueux.

C'est peut-être que je ne suis pas très sensible aux gags en général, mais le fait est que les gens qui trébuchent ou qui tombent ne m'ont jamais fait rire. Mais jamais. Quand certains s'esclaffent, paraît-il naturellement, ma première réaction a toujours été l'inquiétude.

Finalement, je réalise qu'il en est de même pour celui qui "tombe de haut". Ces gens qui semblaient avoir tout pour eux puis le perdent soudain, et se retrouvent désignés à la vindicte populaire, quels qu'ils soient, commencent toujours par m'émouvoir. Avant d'y avoir vraiment réfléchi, c'est ma première réaction, qu'ils soient ou non sympathiques. Parce que, franchement, au premier abord, ce J. Kerviel ne fait pas partie des gens que je pourrais apprécier, ni plaindre quand il leur arrive de perdre. Même si ce qui lui est tombé dessus après coup me paraît totalement disproportionné, on ne peut pas dire que son attitude depuis me le rende plus sympathique. Et pourtant, oui, je comprends ce comité de soutien et j'en arrive à le plaindre, lui, en tant que jeune homme écrasé par les conséquences d'un jeu malsain certes mais pour lequel il avait été d'abord recruté.

Mais ce qui m'émeut plus encore, parce que d'une certaine façon cela renforce ma confiance en la vie, c'est lorsqu'une personne après être tombée se relève et semble avoir retrouvé le goût de vivre. Au fond de moi, je pense que nous sommes tous capables de nous remettre de tout. C'est une idée dérangeante parce qu'elle sous-entend que le désir de vivre est le plus fort, que la mort, la perte, le désespoir ne nous empêcheront pas de rire et d'aimer encore, mais c'est aussi comme un hymne à la vie infiniment plus puissante que la mort, la perte, le désespoir.

Alors c'est peut-être plus visible lorsqu'il s'agit d'une personnalité, ou juste d'un garçon comme les autres pris sous les feux de l'actualité, mais c'est tout aussi vrai au quotidien. Pour cette mère qui a perdu coup sur coup, à un an d'intervalle exactement, ses deux plus jeunes filles, laissant l'une comme l'autre un enfant orphelin. Il est difficile d'imaginer dans quels abîmes elle a pu s'abîmer pendant des mois, de la solitude qui a dû l'étreindre en voyant son mari, ses grands enfants presque lui reprocher de se laisser abattre, de ne pas se faire violence pour continuer. Et puis, peu à peu, la vie a repris ses droits. Et un jour elle a retrouvé le sourire, l'envie, renoué avec les projets et l'enthousiasme. La douleur n'a pas disparu et continue à affleurer souvent, mais sa vie a repris. Et je trouve ce mystère aussi bouleversant que celui de la vie même.

Bertrand Cantat parle dans "Les Inrockuptibles", en kiosques le 23 ...






mardi 29 avril 2014

Pleine conscience

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris le temps tout simplement de ne plus faire deux ou trois choses en même temps. Profiter de l'instant présent s'est toujours révélé un effort considérable mais je crois que ces dernières années, je n'y pensais même plus.
Pas sûr que j'y arrive pour autant, en ayant à peine constaté les bienfaits j'ai déjà du mal à m'y tenir.
Il n'empêche que ces deux jours sont les plus reposants et apaisants connus depuis des lustres.

Pas encore la pleine conscience, qui ne reste qu'une notion lointaine, mais une toute nouvelle atmosphère néanmoins.

Je m'interroge en ce moment, sans trop approfondir, sur le destin, la nature humaine, la nature de l'univers et bien que cela n'ait plus rien à voir avec l'intensité ancienne, qui me coupait littéralement du monde, cela me rappelle un passé dont j'avais presque perdu la mémoire.

Un univers en expansion et où la création serait continue, non plus un cercle dans un cercle contenu dans un cercle, mais à divers endroits de chacun d'eux d'autres cercles concentriques qui en engendrent d'autres, sans cesse et à toutes les échelles, peut-être interconnectés. De quoi rêver longtemps... ou perdre la raison.

Une raison d'être, peut-être pas évidente, peut-être unique, peut-être pas. Des interactions impossibles à connaître toutes mais aussi essentielles que la trame et la chaîne, sur une vie, sur plusieurs générations. L'histoire du battement d'ailes du papillon en somme. Ou des Ta'veren plutôt, idée qui présente l'avantage d'intégrer aussi le hasard et une relative liberté.

Du choix ou des rencontres qui font que les mêmes malheurs, les mêmes souffrances, les mêmes manques pourraient bien conduire l'un au dévouement et l'autre à l'agressivité destructrice.

"Time is a wheel with seven spokes, each spoke an Age. As the Wheel turns, the Ages come and go, each leaving memories that fade to legend, then to myth, and are forgotten by the time that Age comes again. The Pattern of an Age is slightly different each time an Age comes, and each time it is subject to greater change."
 Ta'veren - "A person around whom the Wheel of Time weaves all surrounding life-threads, perhaps ALL life-threads, to form a Web of Destiny."

dimanche 20 avril 2014

Midnight in the Garden of Good and Evil

Je ne crois pas aux normes universelles. Je n'y ai jamais cru, je crois. En tout cas, je me souviens très bien de révoltes silencieuses quand une autorité morale affirmait le contraire, que ce soit au catéchisme, en classe, en cours de philosophie, ou en famille.

Adolescente dans une époque qui, contrairement aux apparences, pouvait se montrer bien plus ouverte qu'aujourd'hui, j'ai eu maintes occasions d'entendre, voire de participer à des discussions enflammées, et surtout de lire, souvent, des mises en doute de la notion même de perversité.

J'étais curieuse, avide de connaissances sans aucune hiérarchie, et j'ai lu sans préjugé bien des textes qui présentaient avec naturel, avec une sorte d'innocence touchante et éminemment troublante, des désirs, des pratiques hors normes. Des expériences intenses et bouleversantes le plus souvent.

C'est peut-être de là que viennent mes plus fortes passions littéraires ou artistiques, mais peut-être aussi était-ce déjà là depuis toujours. Le paroxysme d'émotion lors de chacune de ces rencontres initiales m'incite d'ailleurs à pencher pour la deuxième possibilité.

Rien à voir il me semble avec les provocations sans nuance que l'on trouve partout sur le net, et pas grand chose non plus finalement avec les rares personnes qui parlent sans fard de certains de leurs choix - et sont aussitôt assaillies de commentaires plus ou moins outrés mais invariablement majoritaires.

Pendant un temps connaître l'autre versant, moins lisse, créait une complicité immédiate avec d'autres, et une sorte d'aura auprès de personnalités plus classiques, que je pensais seulement alors moins curieuses des profondeurs obscures.

Et puis un jour, sans bien comprendre, je fais face à une réaction indignée, sans nuance. Juste pour avoir apprécié Les Nuits Fauves qui venait de sortir. Vingt ans plus tard, alors même que la vulgarité s'étale partout, on dirait que la bien-pensance a tout envahi. En tout cas, c'est mon impression tenace quel que soit le lieu, quel que soit le milieu.

Je me sens de plus en plus étrange étrangère au milieu de mes contemporains. Mais à tenter d'y réfléchir ici, je me rends compte que la période de grâce qui me semble aujourd'hui une unique parenthèse a, en réalité, été précédée et suivie d'un temps bien plus inconfortable. Je ne désespère donc pas de la revivre à nouveau, de sentir à nouveau partagé le goût de la complexité du monde et d'y voir rechercher l'harmonie et l'équilibre sans manichéisme, sans manifestations de vertu outragée de qui, quelle ironie, piétine chaque jour la délicatesse et ignore l'empathie.





dimanche 13 avril 2014

Paradoxe temporel

19 h 48... Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire de mon week-end ? Je ne l'ai pas vu passer...

Les copies du brevet blanc attendent toujours, tout comme les nouvelles versions des contes, les rares dossiers poésie rendus à temps, et même les mails mis de côté pour la fin de semaine.

Il fait encore jour et j'ai bien le souvenir d'avoir profité du soleil, mais encore ? Quelques épisodes de séries, mais pas tant que cela, la fin de saison pour Suits, un nouvel épisode de Following, visionné deux fois pour "entendre" la VO sans trop lire les sous-titres, certes, mais je n'ai toujours pas trouvé le temps de commencer la deuxième saison de House of cards.

Ah, un aller retour à la médiathèque pour faire provision de livres mais j'ai à peine commencé un nouvel épisode de la Culture de Iain M. Banks avant que mes yeux larmoyants n'imposent l'extinction des feux.

Pas de musique, à peine quelques infos, et je n'ai pas l'impression d'avoir passé tant de temps que cela sur l'ordinateur non plus. Quelques recherches pour un lycéen procrastinateur il est vrai.

Des passages fréquents en cuisine par contre, plus pour grignoter sans jamais être rassasiée que pour cuisiner avec art.

Non, j'ignore où sont passés ces deux jours, ponctués cependant d'une nuit difficile ce me semble, entre gorge irritée et réveils successifs.

J'ai juste pris le temps sans doute, et le temps est passé sans heurt, paisiblement. Mais, tout de même, c'est un tout petit peu troublant comme impression.

samedi 12 avril 2014

De la mouche et du canon

Un violeur, 527 personnes sommées de se soumettre à un test ADN. 527 personnes dont des centaines de mineurs.
Qui refuse (comme la loi l'y autorise encore) sera placé en garde à vue afin de pouvoir perquisitionner son domicile.
Mais dormez tranquille, braves gens, les fichiers seront détruits. Bien sûr...

Ce monde me fait un peu plus peur de jour en jour.

jeudi 10 avril 2014

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles

Eh bien, non, je ne suis pas du tout d'accord. Surtout quand il est 19 h 30 et que le téléphone est sur répondeur.

Mais je fais des progrès côté sérénité, je n'imagine plus de scénario catastrophe et j'attends presque calmement le retour du fils prodigue.

Contrôle technique cet après-midi, dans un coin perdu mais qui offre des prix intéressants si on réserve à l'aveuglette sur le net (à l'aveuglette parce que l'adresse exacte n'est fournie qu'après le paiement...). Le temps parfois joue vraiment de drôle de tours, deux ans déjà ? (et même un peu plus dit la carte grise narquoise...) Mais comment est-ce possible ? Je me souviens très, très bien du dernier contrôle... Deux ans peuvent-ils tomber dans un trou noir ?
Pendant une seconde, je me suis vraiment cru dans un film fantastique, deux ans disparus, un monde parallèle peut-être ? Les jours sont-ils si monotones qu'ils passent ainsi sans laisser de traces ?
Une seconde seulement. En fait, ce doit être tout le contraire, un rythme infernal qui fait oublier le passage des jours.
Et c'est comme cela que j'ai évoqué lundi matin les élèves passés "hier" au collège. L'air interloqué de ma collègue m'a vite fait réaliser que j'avais effacé tout le week-end après deux heures à peine dans l'établissement !

Une période apparemment propice aux rencontres d'anciens élèves un peu partout, en visite au collège donc, mais aussi dans la rue ou dans les magasins, parfois même ils y travaillent, avec le sourire et vous interpellent tout heureux de vous revoir. Et ça fait du bien, surtout après une journée à se demander si j'enseigne toujours ou si je passe le plus clair de mon temps à rappeler la plus élémentaire politesse...

Petits problèmes de santé certainement dûs au stress. Médicaments chez le médecin, conseils alimentaires sur le net. Apparemment très efficaces les conseils, je me sens très vite bien mieux que toutes les fois précédentes avec les seuls cachets. Mais l'inquiétude et la fatigue ne font pas bon ménage, en tout cas pas chez moi, avec une quelconque discipline alimentaire. Et pour le coup les douleurs reviennent en force, mais on ne peut pas lutter sur tous les fronts, des hauts, des bas, toujours pas d'équilibre. Tant pis. Un jour, un peu plus tard, j'y arriverai un jour.

On ne peut pas prier pour la pluie et se plaindre quand on est mouillé - Simon Collins. Un cadeau de Noël resté sur la pile jusqu'aujourd'hui. Pas absolument convaincue par le style mais j'aime le ton et l'idée : la beauté évidente de la nature, en l'occurrence des montagnes de Savoie, une beauté qui nous dépasse, nous élève et nous comble.

lundi 24 mars 2014

Au soir du 23 mars

Ce n'est pas vraiment une surprise, mais ça fait mal quand même. Et pourtant il n'y a eu que peu d'abstentions ici.

Et la tentation de croire que peut-être ce n'est pas tout à fait le FN, ou encore que c'est la misère et le désespoir qui s'expriment. Sauf que de si fragiles barricades bien sûr ne tiennent pas plus d'une minute.

Non, c'est juste désolant, et bien triste que l'autre voie de révolte n'ait recueilli que si peu d'adhésion.

jeudi 20 mars 2014

Regarder ce qu'il y a de beau (...) par-delà la colère des hommes qui ont peur

Douleurs tenaces et fulgurantes à la fois pour fêter le printemps, avec le ciel qui s'est couvert le tableau est complet.

Mais je tombe opportunément sur ce titre de Jacques Brel



même si je connais bien mieux celle-ci :



L'aventure commence à l'aurore
A l'aurore de chaque matin
L'aventure commence alors
Que la lumière nous lave les mains
L'aventure commence à l'aurore
Et l'aurore nous guide en chemin
L'aventure c'est le trésor
Que l'on découvre à chaque matin

Pour Martin c'est le fer sur l'enclume
Pour César le vin qui chantera
Pour Yvon c'est la mer qu'il écume
C'est le jour qui s'allume
C'est le blé que l'on bat
L'aventure commence à l'aurore
A l'aurore de chaque matin
L'aventure commence alors
Que la lumière nous lave les mains

c'est exactement l'écho qui convient à la journée.

Mon après-midi de liberté du jeudi ensuite, plus souvent synonyme d'intendance et de copies en réalité, mais aujourd'hui j'ai apprécié le simple fait d'avoir réalisé tout ce qui était prévu au programme. Même si d'autres tâches attendent et attendront longtemps encore, je choisis de voir ce qui est accompli, dans les temps et sans heurt. Puis de prendre le temps, le temps de retrouver Alicia Florick et la délicieuse prononciation de son prénom, le temps de revoir le dernier épisode de Merlin même si je trouve l'épilogue un brin décevant, puis d'aller vérifier de ci de là que cette version n'a pas pris tant de liberté avec le mythe finalement. Le temps de remonter un peu la liste de favoris et les mails à lire "plus tard, quand j'aurais plus de temps".

Et voilà déjà la nuit à l'extérieur, la douleur qui s'estompe et la douceur de vivre en paix, en acceptant, même très provisoirement, de n'avoir guère de prise sur l'avenir et les comportements des autres.


Revoir aussi le sourire et l'accueil de M., la complicité récente mais toujours renouvelée avec S., les petites merveilles créées par les élèves en arts plastiques - bien encouragés par la collègue toujours partante, toujours d'humeur égale, qui affiche pourtant des convictions révolutionnaires en ces temps d'élections, l'appréhension de la collègue si discrète qui se retrouve en bonne place sur la liste du Front de gauche pour son entretien radiophonique du jour... plein de petites étoiles finalement pour faire scintiller la journée.





lundi 17 mars 2014

Mythes universels

The Origins of the World’s Mythologies, « Les origines des mythologies du monde » (Oxford University Press), a paru en janvier 2013, et, hors de petits cercles de spécialistes, il est passé remarquablement inaperçu. Le projet et la théorie de Michael Witzel, professeur de sanskrit à Harvard (Massachusetts), sont pourtant d’une extraordinaire portée.

Qu’on en juge : l’éminent linguiste dit avoir retrouvé rien de moins que les bribes de nos premières histoires, celles qui peuplaient l’imaginaire des quelques centaines d’Homo sapiens qui venaient de quitter l’Afrique de l’Est, voici 65 000 à 40 000 ans, avant de se répandre à la surface de la Terre.

De ces légendes primordiales, ou plus exactement de ces représentations de l’homme et de l’Univers, dit Michael Witzel, il reste encore les échos dans les grandes mythologies du monde.


https://www.google.fr/#q=http:%2F%2Fwww.lemonde.fr%2Fculture%2Farticle%2F2014%2F03%2F13%2Fil-etait-une-fois-les-mythes_4382701_3246.html&safe=off

http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/03/13/il-etait-une-fois-les-mythes_4382701_3246.html


A vrai dire, je pensais qu'une telle étude existait depuis longtemps...

Et soit j'ai mal lu Jung (très possible), soit je l'ai interprété à ma manière (hautement probable également) mais je n'en arrivais pas à la même conclusion que l'auteur de l'article. Je pensais (pense) que l'inconscient gardait une trace de l'évolution.

samedi 15 mars 2014

"Je suis né en manque d'une chose étrange..."

J'ai tout effacé.

Mon professeur de lettres de quatrième et de troisième, que j'admirais en silence mais suffisamment pour aller lui demander son adresse en fin d'année (et la voir de près pour la toute première fois, quand j'y pense, c'était vraiment un autre temps...) m'a écrit par la suite "Une lettre ne rougit pas, disait Cicéron" pour m'encourager à me livrer davantage.

Une lettre permet de mettre un peu à distance certes, mais quand accepter certaines idées est déjà difficile, les voir écrites devient une épreuve que je n'arrive toujours pas à affronter.

Pourtant, au fond, je ne crois pas avoir réellement honte de ce que je ressens. Je suis consciente que l'on ne peut tout maîtriser et que ce n'est pas souhaitable d'ailleurs. Et, en même temps, j'en repousse l'expression, même dans ma propre tête, mettre des mots sur certaines choses m'est insupportable. Au sens propre. Comme si les mots leur donnaient une réalité. Comme quoi le Verbe n'a rien d'une métaphore pour moi !

Périodiquement, j'essaie de comprendre, d'identifier une origine, à défaut un processus. Mais c'est toujours peine perdue pour l'instant.

Aujourd'hui, j'essayais d'écrire sur mes relations difficiles avec mon fils. Je crois qu'elles sont liées à une incapacité bien enracinée vis-à-vis de toute la gent masculine.

Et pourtant, je me souviens de moments de grâce, de - rares - rencontres évidentes, où tout était simple et clair. Naturel.

Mais c'est loin d'être le quotidien, et cela ne l'a jamais été. Nombre d'êtres me sont incompréhensibles, étrangers. Et j'ai ressenti cela même devant un tout petit enfant, mon enfant pourtant. L'altérité fondamentale.

Donc ce ne pouvait pas être, pas seulement, une réaction de défense face à la force brute. La fuite devant les conflits, la souffrance viscérale qu'engendrent les cris, la violence, l'indifférence aux sentiments des autres. Entre souffrance et mépris en réalité, plus le temps passe et plus le mépris l'emporte, mais malgré tout le coup d'abord ressenti dans le plexus solaire demeure bien réel dans les situations de crise, qu'elles me concernent directement ou non.

C'est d'autant plus difficile que les temps semblent plus propices que jamais à ceux qui crient, qui s'imposent, qui avancent en écrasant les autres, sans une once de regret, avec une insolente fierté même. Et en écrivant cela, je réalise que les images qui me viennent appartiennent de plus en plus aux deux sexes en fait.




Bon, quand écrire devient aussi laborieux, mieux vaut que je laisse tomber. Un jour peut-être je trouverai le bon fil pour dénouer tout cela mais ce ne sera pas plus aujourd'hui qu'hier.

mardi 11 mars 2014

Au fil des jours, plaisirs minuscules

Seconde tentative. En fait, ce n'est pas si facile d'écrire sur ce qui va bien. De toutes petites réussites du quotidien en somme.

Mais je suis les bons conseils, c'est bien aussi de se retourner sur les points positifs. Sauf que les mots et les phrases s'y dérobent, ou en tout cas les miens. Alors pourquoi pas une liste (beaucoup moins professionnelle et alerte, certes).

Le sommeil, de retour, paisible et d'une seule traite sans plus trace de cauchemars angoissants.
Plus aucun papier, ni compte, ni facture, ni démarches en attente.
Plus de courrier à écrire, plus de culpabilité pour ceux que je n'aurais toujours pas rappelé.
Le désir et la disposition nécessaire pour la lecture revenus, et donc une pile qui a enfin visiblement diminuée.
Pas une copie, pas un cours qui attende que j'aie l'énergie de m'y mettre.
Surfer à loisir sans renoncer à rien pour cela, sans rien repousser, sans le regard rivé sur l'horloge.
Voir et revoir, et en VO, les scènes qui m'émeuvent, qui me font sourire, qui me redonnent le moral.
Tenter du coup tranquillement de saisir les accents, la syntaxe, les expressions, entendre d'autres émotions.
Cuisiner un peu, pâtisser un peu plus encore, sans trop de succès mais tant pis, ça reste très agréable.
Profiter des rayons du soleil quand ils sont là et non un moment volé quand c'est possible.
Ecouter vraiment, entendre les nuances toujours nouvelles des disques que j'aime.
Veiller sans souci du lendemain, sans perdre le fil en luttant plus ou moins bien contre le sommeil.

Alors pas de grands projets, ni de petits voyages, réels ou en salle obscure, mais ma foi de vraies vacances reposantes et riches de plaisirs minuscules et d'enrichissement intime, je ne suis pas si loin du bonheur.


C'était une bonne année je crois Frédéric MEY par luptidej

samedi 8 mars 2014

People ain't no good

Faire son deuil. Même si fatalement j'ai eu à connaître des pertes, en dehors de la première qui m'a bouleversée sans que j'en aie pleinement conscience, je ne crois pas l'avoir vécu.

La première fois que j'ai été confrontée à la mort, j'étais encore au collège, un camarade cardiaque. Quand on nous a annoncé la nouvelle, je crois que j'étais surtout surprise. Quand je suis rentrée à la maison, j'ai à peine commencé à en parler que je fondais en larmes sans comprendre. Je revoyais surtout son sourire un jour où il avait essayé de susciter le mien, un sourire franc que je n'ai jamais oublié.

Une famille presque sœur a connu coup sur coup deux drames que chacun a tenté de surmonter à sa façon, le genre de drame dont au fond je n'imaginais même pas que l'on puisse se relever. Leur vie en a été bouleversée mais elle a continué avec ses joies et d'autres peines.

Dans ma famille, je sais qu'une personne au moins ne s'est pas remise d'une disparition mais elle était loin, nous ne la voyions pas souvent, cela restait, reste, abstrait même si c'est une histoire terrible de bout en bout.

Puis j'ai vu ma propre mère s'effondrer, et souffrir longtemps à chaque anniversaire, pourtant la vie reprenait aussi tous ses droits dans le même temps.

Mais finalement la mort me reste étrangère et lointaine.

Pour la perte je n'en dirais pas autant. Se relève-t-on vraiment de tout ? Je crois que oui, et en même temps cela ne me paraît pas très correct de le penser.

Il a fallu, voilà bien longtemps déjà, accepter les "jamais plus". Je me croyais aguerrie, je me demande si je ne me suis pas plutôt anesthésiée, voire mutilée.

Et aujourd'hui, même si lorsque je m'accroche à l'espoir cette idée terrible recule, j'essaie de faire le deuil d'un futur. Qui sera aussi celui d'un espoir ancien, et celui de certitudes fondamentales. Peut-être même d'une part d'humanité. Et c'est douloureux. Tellement que je ne suis plus si sûre que cela qu'on puisse se relever de tout. Enfin si, j'y crois toujours. Mais est-ce une si bonne chose ?

Si le monde s'écroule qu'importe sa beauté ? A moins qu'il ne frémisse en rien quand nos cœurs se brisent. Ce qui est fort probable. Quel est le prix d'un bonheur absolu ? Vaut-il vraiment tous les tourments ? Si j'avais su... ce qui est impossible évidemment, mais si j'avais su, aurais-je agi différemment ?

C'est peut-être là que gît la blessure au fond, ce que j'ai fait ou n'ai pas fait pour en arriver là aujourd'hui, à ce puits d'angoisse, à cette sensation de perte irréparable. Faire le deuil.

Accepter. Renoncer.






Et toutes mes excuses à ceux qui pleurent effectivement la mort d'un proche s'ils venaient à passer par là.

jeudi 6 mars 2014

... le droit de vieillir

J'ai croisé en début d'après-midi une ancienne gloire du music-hall. Pas coiffé, pas maquillé, habillé comme tout un chacun, une petite seconde avant de réaliser.

Ce qui m'a rappelé la première fois où j'ai été consciente de franchir le cap d'une décennie (merci maîtresse qui en avait fait un événement). Je m'en souviens très bien, de l'annonce, de ma fierté d'avoir désormais "des souvenirs vieux de dix ans" (j'exagérais sans doute un peu les capacités du nouveau-né). Sauf que si je compte (je n'aime les chiffres que de façon très poétique heureusement pour moi) ce grand événement a eu lieu voilà maintenant... 44 ans !

Sauf exception les gens qui nous entourent suivent le même fil du destin et les changements ne sont jamais flagrants. Sauf longue absence ou vrai coup dur, au quotidien le temps ne marque pas tellement les visages et les corps, à peine les caractères au fond, parce que ce n'est jamais qu'un durcissement de quelque chose qui existait déjà bel et bien.

Pour ceux qui brillaient de loin, c'est tout autre chose. Même si c'est certainement très injuste, aujourd'hui cette chanson là ne me choque plus.




mercredi 5 mars 2014

" Tuer le temps est parfois un cas de légitime défense. "

Un été à Osage county

La journée idéale ce devrait être un film, un livre et le temps de vivre. Mais les journées idéales se défilent petites vacances après petites vacances. Une sorte de malédiction cinéphile. Des bandes annonces, des titres, des interviews qui donnent envie, mais pas le temps, pas le bon moment, et finalement le film n'est plus à l'affiche. A 18 ans comme à 30 ans, j'avais le choix et le temps. Mais aujourd'hui je n'ai plus ni l'un ni l'autre finalement. Pas vraiment le choix parce que deux complexes qui sortent exactement les mêmes films en même temps et les retirent de l'affiche bien trop vite, beaucoup moins de choix aussi parce qu'avec le temps, et une certaine boulimie au début, j'ai fini par voir et revoir tous les classiques et toutes les raretés qui me faisaient envie, puis par devenir bien plus exigeante. Et pas le temps parce que voilà, comme tout le monde, des routines, des obligations, et quand même un boulot qui ne laisse pas tellement l'esprit libre.

Alors j'attends ces fameuses vacances que nous avons paraît-il "tout le temps". Quelques jours, parfois beaucoup de jours en réalité, pour reprendre pied et enfin prendre le temps. Et là... à chaque fois me semble-t-il un véritable désert. Des films pour enfants, des films à grand spectacle qui ne m'intéressent vraiment pas, et allez, dans les grands moments deux films intéressants, dont l'un invariablement n'est proposé qu'une seule fois par semaine, le vendredi à 22 h 15 par exemple. Je pourrais, c'est vrai, mais mince à 22 h je n'ai plus envie et surtout j'ai le plus grand mal avec les soirées ciné - ou plus exactement avec le public en soirée.

Cette fois ce fut donc Un été à osage county, en VF parce qu'il n'y a jamais le choix de toute façon (et du coup entre les grands écrans domestiques et les versions multilingues j'ai encore moins envie de sortir à 22 h pour ce que j'aurai un jour ou l'autre tranquillement installée chez moi...). Et pour être sûre de franchir le pas, je ne me renseigne qu'un minimum, un œil sur le thème, un autre sur le réalisateur et les acteurs et c'est parti. Du coup, je ne m'y attendais pas. Ni à l'intensité, ni à la violence, ni aux échos bouleversants de ces relations familiales.

Alors certes un film intéressant qui suscite réflexions et émotions, mais une émotion que je compenserais volontiers. Comme autrefois, quand j'enchaînais les films, passion, comédie, souvenirs. Si l'un n'était pas tout à fait à la hauteur, si l'autre réveillait la douleur, cela faisait partie du plaisir. Sauf que là, il n'y a rien d'autre sinon un espoir avec les sorties du mercredi. Et le mercredi est plus que décevant, pas un seul titre qui me donne ne serait-ce que vaguement l'envie de me déplacer, ah pardon, si, un, peut-être, à la rigueur. Horaire(s) ? Dimanche 22 h 30.

Et avec tout ça, c'est le premier jour où je me réveille après une vraie nuit de sommeil. Je devrais pouvoir reprendre la lecture ce soir sans avoir à revenir en arrière et me rendre compte que je n'ai plus qu'un souvenir flou de l'intrigue et des personnages !

Par contre, le point incontestablement positif déjà c'est de pouvoir voir et revoir le même épisode de la série qui m'intéresse, en VO, en VF, en boucle, en apprenant par coeur la scène qui continue à me bouleverser après la dixième vision (phénomène rare et précieux). Et je vais oublier tout ce que je ne fais pas du coup.

Peu importe, j'ai du temps.


Citation de Albert Brie -  Le mot du silencieux - 1978.

lundi 3 mars 2014

Insomnie

Nuits agitées qui se succèdent.

Il est trop tôt sans doute pour bénéficier du temps retrouvé, peut-être attendre encore quelques jours que la fatigue accumulée s'évacue. Mais pas seulement.

Comme un passage, un maelstrom d'émotions avant la prochaine étape vers la lumière. Presque une certitude. Quelque chose change, quelque chose se prépare, et la transition n'est pas de tout repos voilà tout. Mais la confiance domine il me semble.

samedi 1 mars 2014

Un demi-siècle

Près de cinq ans plus tard, j'ai toujours du mal à réaliser.

Quelques réactions d'inconnus parfois, un reflet dans une surface réfléchissante, mais la plupart du temps il me semble être encore si proche des tout débuts de l'âge adulte. C'est une étrange sensation que de deviner de plus en plus souvent l'approche de l'autre versant et même la certitude d'une fin.

Je me souviens d'une émission où Aznavour affirmait avec sérénité, une certaine fierté même, son demi-siècle d'existence. Une formulation à laquelle il tenait et qui surprenait son interlocuteur. Dans mon souvenir (en dehors du fait qu'il ne me semble vraiment pas si ancien...) c'était effectivement un homme adulte qui s'exprimait, un homme installé qui avait construit sa vie et en était conscient.

Ce n'est pas du tout, mais pas du tout ce que j'éprouve. Même si quelque chose émerge que j'apprivoise lentement.

Un des thèmes de mon mémoire de maîtrise portait sur l'ambivalence des sentiments humains face à la mort, je ne sais pas vraiment si je le comprends mieux aujourd'hui, si la fascination en est éternelle, ou s'il s'agit d'un fondement de ma personnalité. Je ne sais pas mais il se trouve que le sujet m'occupe pas mal en ce moment. Ou plus exactement envahit quelque peu mes nuits et une partie de mon temps libre sans que j'arrive à déterminer s'il convient de le contenir ou de l'explorer. Encore que j'ai plutôt l'impression d'y plonger avec une curiosité troublante.

mercredi 26 février 2014

Les bonnes résolutions

fin février, ben oui, pourquoi pas ?

En réalité maintenant qu'approche la fin de ces huit semaines ininterrompues, j'ai tellement d'envies que quinze jours ne sauraient les combler.

Du coup, je me fais des promesses (non, non, je ne veux plus jamais entendre parler d'objectifs !), comme de publier régulièrement quand bien même ce ne serait que de peu d'importance, même pour moi s'entend ! Comme de ne plus attendre "d'avoir le temps", parce que ce temps hypothétique finalement ne vient jamais, ne plus attendre donc pour répondre aux ami(e) lointain(e)s, et tant pis si les réponses sont brèves, peu développées, ce sera mieux sans doute que d'écrire des pages (bon, d'accord, une page) de loin en loin. D'autant que, pour le coup, les petits événements du quotidien n'y trouvent jamais leur place, et c'est une perte, je trouve, de ne plus partager les petits riens avec les amis.

Tant qu'à être dans les bonnes résolutions, reprendre aussi plus fermement une promesse ancienne : assumer mes goûts et ma façon de vivre, prendre le temps d'en parler et découvrir parfois que les émotions les plus intimes peuvent parfaitement être partagées par des gens que l'on avait à peine remarqués, ou qui au contraire me paraissaient, à tort, si sûrs d'eux et si sereins que j'aurais pu jurer qu'ils étaient à mille lieues de mes troubles. L'avantage des gens discrets qui observent en silence c'est qu'ils découvrent assez facilement les failles et les beautés cachées, l'inconvénient c'est qu'à force de se taire ils ne savent pas comment manifester leur complicité ou leur admiration sans maladresse. Une maladresse telle qu'elle refrènera longtemps toute nouvelle tentative.

La dernière promesse n'en est pas une, c'est une façon de vivre depuis très longtemps, qui s'est plus ou moins imposée par la force des choses, parce que c'était la seule manière de rester en vie à une période lointaine. Mais finalement je crois qu'elle s'est dévoyée au fil du temps, peut-être aussi, sûrement même, parce que les obligations se sont accumulées avec les années et les responsabilités. Mais maintenant que j'en ai une conscience bien plus aigüe, je crois que ce sera plus facile d'en tenir vraiment compte. Prendre le temps. Le prendre vraiment, sans culpabilité, sans penser à ce qui reste à faire, sans faire autre chose d'"utile" en même temps. Prendre le temps. Pour le plaisir, pour la beauté, pour l'émotion. Parce que c'est cela qui compte au fond, bien plus que le devoir, que la vie en société, que les responsabilités même assumées. L'émotion d'abord. Jusqu'au vertige, jusqu'à l'abîme.

"... qu'importe que j'y perde, je veux l'inaccessible".







lundi 6 janvier 2014

C'est la rentrée

Et une étrange sensation. Le ciel est gris et bas, cela ne doit pas aider j'imagine, mais cette première journée m'a mise fort mal à l'aise.

Bon départ pourtant, en avance pour m'organiser tranquille et ne pas tourner vingt minutes à chercher une place, pas trop pour éviter le raz de marée des voeux (par petites touches, c'est mieux !). Tout était prêt en temps et heure, j'avais bien anticipé avant les vacances (je n'en étais plus très sûre, après deux semaines totalement déconnectées...), et il y avait même du chauffage dans la salle (retour de congé, c'est carrément inespéré !).

Chauffage disparu dans la matinée, faut pas trop en demander non plus, et j'ai pris froid je crois bien. Les voeux, les embrassades plutôt bon enfant à la récréation. Je crois que c'est la pause du midi qui est venue tout gâcher pour de bon. Enfin, non, pour être honnête, dès le lever j'avais besoin d'une sérieuse motivation... pas vraiment au rendez-vous en fait.

Mais midi donc, qui me ramène implacablement et en quelques minutes à peine à tout ce qui me faisait fuir voilà quinze jours à peine finalement. D'un côté les "blagues" grasses et les voix tonitruantes, de l'autre un défenseur de... Dieudonné, et encore un qui ne sait pas parler discrètement, et qui affirme sans la moindre retenue ses certitudes à grand renfort de "moi, je pense". Un seul contradicteur arrive à placer des arguments, mais il est balayé comme les autres par l'assurance tranquille de celui qui sait ce qu'il en est, hein, moi je ne suis pas dupe, et même je vais vous expliquer le comment du pourquoi. Son "analyse" des déclarations du ministre est tellement outrancière qu'il me donnerait presque envie de le défendre. Presque.

Pas moyen d'y échapper ou de mener une conversation normale. Tant pis pour les bonnes résolutions, je retourne me réfugier dans ma salle froide certes mais bien meilleure pour la tension nerveuse.

Ensuite j'ai traîné toute la journée une inquiétude diffuse, et des douleurs abdominales. Super cocktail.

Peut-être oui que les manifestations physiques sont liées à certaines difficultés relationnelles. Sur le coup, le lien ne m'est pas apparu quand le psychanalyste que j'ai fini par consulter en décembre l'a évoqué mais j'y pense de plus en plus depuis.

Bon, malgré tout, ce serait dommage de rester sur une impression négative, et d'ailleurs ça va déjà mieux en mettant cela par écrit. Donc, côté positif :
la reprise est faite et ce n'était pas du tout insurmontable
parfois les voeux font juste plaisir et semblent exprimés avec une vraie chaleur
les problèmes de vue qui commencent à m'inquiéter sérieusement ne se sont pas encore manifestés aujourd'hui (hier non plus il me semble)
le premier chapitre de La Ferme des animaux a assez vite retenu l'attention de la majorité
j'ai eu du temps pour moi et j'en profite encore un peu avant le retour de mon grand ado

La première journée, non, le premier réveil est toujours le plus difficile. Demain la routine reprendra avec, aussi, ses éclaircies et ses joies.

Et, donc, bonne année à tous ceux qui passent par ici.
Mille voeux pour une année riche en découvertes et en émotions.