lundi 29 novembre 2010

La routine

C'est étrange comme la routine peut vite s'installer même dans ce qui, vu de l'extérieur, pourrait paraître complètement discontinu.
En une seule semaine, j'ai complètement perdu mes repères... alors ne parlons pas de mes élèves !
Mardi, stage en interne, mercredi, jeudi, stage à 70 km d'ici, vendredi toute petite journée. Résultats : j'ai vu chaque classe une seule fois dans la semaine. Du coup, chacun avait un travail à faire pour aujourd'hui ou demain, rien d'extraordinaire, mais il fallait tout de même chercher un minimum. 7 élèves sur 25 la première heure (et encore pas forcément sept réussites !), et le score ne s'est pas amélioré pour les suivants, je crains le pire pour demain où je retrouve la plus faible de mes classes...
Sans compter qu'il a fallu rappeler toutes les règles et tous les rituels, incroyable mais vrai, il a suffi de trois jours sans cours pour que tout passe par dessus bord !
Et comme de mon côté, j'ai dû resserrer sur un week-end les activités ordinairement réparties sur la semaine, ma patience était assez limitée...

Pourtant c'était bien agréable de changer d'activités, de public, de collègues. J'y ai même rencontré un prof de maths passionné et compréhensible (qui en plus vient du collège où j'ai eu mon premier poste, mais ça n'a pas joué parce que je ne l'ai appris qu'à la fin du stage). Et deux collègues en lycée technique qui, une fois de plus, ont corrigé mes à priori. L'un parce qu'il est très littéraire, et a fait incidemment remarqué qu'il avait redoublé trois fois (!) sans que cela l'ait traumatisé. L'autre parce que sa façon de se tenir, de s'habiller, de parler, tout m'évoquait l'image d'un catholique pratiquant (et j'ai les images mentales que je veux, d'abord ! - mais, pour avoir une idée, il ressemble beaucoup, en plus réservé quand même, au chroniqueur famille nombreuse de l'ancienne version des Maternelles - comment ça, ce n'est pas plus clair ?!?). Enfin, "bref", le supposé bigot s'est révélé particulièrement ouvert et attentif aux autres.
Et en vrai... j'aime bien que la réalité vienne bousculer mes stéréotypes, et déjà m'en faire prendre conscience. C'est d'ailleurs l'une des choses que j'admire éperdument chez Patrice Chéreau : sa faculté de démolir l'air de rien les certitudes. J'ai déjà écrit que je n'aime pas les certitudes ?

Donc là je commence une semaine complète. Une semaine complète qui devrait être plus fatigante et moins fatigante à la fois. Pas d'aller-retour au milieu des poids-lourds, plus besoin de rester concentrée quasi non-stop pendant six heures avec des notions plutôt complexes et/ou tout à fait nouvelles, du temps "libre" réparti au fil des jours. Oui, mais, retour des copies, de la discipline, des questions cent fois réitérées, des "on comprend rien", "ça sert à rien", des jugements à l'emporte-pièce, et, pendant qu'on y est, des réunions successives mais pas forcément utiles.

Le bon côté des choses, c'est que les formations me rappellent toujours que j'aime ce métier et pourquoi je l'ai choisi.
L'autre point positif c'est que l'hiver n'a durablement entamé ni mon moral ni ma forme.

Allez, juste un petit dépit pour la forme : les sites (parce que les deux m'ont fait le coup quand même !) qui annoncent la sortie du nouveau Bordage, enregistrent la commande, et ... attendent près d'une semaine pour annuler la "commande indisponible" sans autre précision !

vendredi 19 novembre 2010

mardi 16 novembre 2010

Juste parce que je l'aime

de son phrasé à sa perpétuelle réflexion sur l'art et sur l'humain, de sa grâce à ses maladresses apparentes, de ses déclarations péremptoires, de son exigence extrême à ses interrogations, de ses admirations à ses obsessions, une histoire d'amour sans fin.

lundi 15 novembre 2010

Réussir sa vie plutôt que réussir dans la vie

Une très belle idée qui me rappelle cette phrase que l'on nous serinait en troisième (dans un autre monde apparemment, étant donné qu'aujourd'hui il ne s'agit plus que de "bien gagner" sa vie...)

Quelqu'un m'a gentiment offert un cahier du même genre, mais je n'ai jamais pu m'y mettre. Par petites touches, peut-être, après tout. Essayons donc, cinq réussites dont je puisse me souvenir :

- avoir repris des études quand la famille trouvait naturel qu'une fille soit au service de son futur mari.
- être partie à l'aventure (bon, pas très longtemps, mais j'ai connu plus de belles rencontres que de moments de solitude finalement).
- entendre une camarade toute surprise me féliciter pour mon oral en anglais.
- avoir su aimer contre vents et marées, sans réserve.
- revoir d'anciens élèves reconnaissants.

Pour le dernier, pas si facile à écrire, mais oui c'est une réussite qui me tient à coeur en fait.
Rien à voir avec l'ordre chronologique, mais je ne jurerais pas pour autant que ce soit par ordre d'importance.
Pas si facile d'en trouver cinq sans trop réfléchir ! Mais c'est aussi que "réussite" a dans mon univers une petite connotation satisfaite qui me gêne.

En tout cas, merci à la fée des champs pour l'idée, c'est pourtant vrai que cela remonte le moral !

dimanche 14 novembre 2010

Des hauts et des bas

En bas, le poids de la solitude. En haut, la générosité.
C'est étrange comme les sentiments peuvent être changeants.

Un problème pourtant récurrent qui devient la goutte d'eau de trop. Et à s'appesantir un peu trop sur le sens de la vie, un immense découragement, presque jusqu'à la frontière du renoncement.


Mais, à l'improviste, l'enthousiasme et la volonté d'agir d'une communauté par la voix, le visage, les expressions d'un seul*. Et soudain, et durablement, le bonheur de vivre. La certitude tranquille d'une voie qui suit son cours.


Conviction que je sais depuis longtemps profonde, pourquoi donc est-elle assortie au quotidien de tant de doutes, je l'ignore, même si les formules me sont connues du "roi sans divertissement" aux "voies impénétrables"...


* France 2 - La Source de vie
Ouvre ta main pour l'amour de Dieu

lundi 8 novembre 2010

Entre deux

Pour la peine, un petit tour chez qui j'ai failli voler le titre.

Une journée entre deux, entre deux eaux, entre deux teintes. Après un week-end où je me sentais vraiment bien, en forme, optimiste, pleine d'énergie, le lundi aurait dû amorcer une semaine sans heurt. Et en dehors du réveil bien trop matinal (quand je pense que l'un de nos agents d'entretien se lève à 4 h 30 365 jours par an !!!) et du froid soudain, il semblait bien que ce doive être le cas.
Peut-être contaminés positivement par mon propre allant, les 4° ont travaillé sans bruit, sans poser dix mille questions répétitives, et ont même assez bien réussi les exercices prévus.
Le café était prêt à la récréation, un peu amer certes, mais bienvenu. Conversation forcément écourtée (un quart d'heure pour fermer la salle, descendre, répondre ici et là, prendre un café, remonter, ça passe comme un éclair !) avec la nouvelle collègue d'arts plastiques. Une fois n'est pas coutume, une collègue qui aime vraiment l'art et le faire découvrir "aux enfants" comme elle dit.

C'est à midi que le temps s'est assombri. Et j'ai pensé à ce même découragement qui perce parfois là-bas. Beaucoup de monde autour de la table. Parfois cela permet de rire plus facilement de tout et de rien, parfois c'est franchement fatigant, trop bruyant et trop de conversations parallèles entre certaines à la voix de stentor.
Aujourd'hui, c'était juste déprimant.
J'aurais dû intervenir sans doute, mais les moulins à vent, parfois, on n'a juste plus envie de les affronter.

Au début de ma vie professionnelle, en entreprise, l'un de ceux qui m'avait pris en affection ne cessait de me mettre en garde contre les fonctionnaires, et les enseignants plus encore, pires encore que tous. Je continue à combattre, intimement convaincue qu'il se trompait, ou mieux encore qu'il ne s'agissait que de provocations - comme il a eu la gentillesse de me l'écrire des années plus tard.
Mais aujourd'hui je n'ai pas pu. Je me suis juste sentie déplacée, et très mal.

Des collègues, des professeurs, des adultes éduqués, cultivés, qui affichent sans complexe, derrière le rempart de leur bonne conscience et de leur pragmatisme revendiqué, un conformisme qui flirte de bien près avec l'intolérance, je ne peux pas m'y faire...

Confier la lutte contre l'homophobie aux enseignants ? Ce n'est vraiment pas gagné par ici...

samedi 6 novembre 2010

"Je suis le bruit et la fureur"

Légèrement excessif, certes, mais j'adore.

L'intégralité ici.
"Un dernier mot. Ne me saoulez plus avec ces histoires de « posture de force tranquille », look de présidentiable, mes cravates, mes dents, mes cheveux, et tout ce bla bla mal digéré de l’imagerie d’Epinal des hommes d’état revus et colorisés par la cinquième République et ses mythes monarchiques débiles. Je suis le bruit et la fureur. Comme mon époque. Et on n’aura besoin de nous que parce que nous sommes incorruptibles, que nos mains ne tremblent pas, que notre manière d’être montre que nous n’avons pas peur. Tout ce qui fait de nous des rustres pour la bonne société fait de nous des valeurs sures pour les nôtres. Surtout quand la plupart de nos donneurs de leçons n’ont pas encore prouvé en quoi ils valaient mieux que nous tous, et que moi s’il faut en parler, sur le plan de la culture, du savoir, de la valeur humaine."