mercredi 23 mai 2012

Vers la joie

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Fin après 18 h hier pour avoir fait passer les oraux d'histoire des arts sur ma seule après-midi de libre.

Premier accueil, ou presque, ce matin un trait d'humour particulier sur ma mauvaise humeur affichée hier...

Première heure avec des élèves démotivés mais très bruyants, dans l'ensemble ils s'y mettent sérieusement mais pas moyen de réellement faire taire les deux, trois pimbêches de service et les deux grands nigauds qui n'aiment rien tant que se faire remarquer pour jouer leur grand numéro de victimes...

La suite de la matinée se passe plutôt bien, les 6° rient même franchement devant le Médecin malgré lui et c'est rafraîchissant et rassurant de les voir réagir en toute innocence.

Le soleil est de retour en prime après des jours d'humidité qui ont même réussi l'exploit de redéclencher le chauffage automatique après le 15 mai !

C'est donc d'un pas allègre que je retourne vers ma voiture, pas trop loin pour une fois (car entre autres joies, nous n'avons aucune place de stationnement prévue pour un établissement en plein centre ville...). Deux post it sur le pare brise, aïe cela n'augure rien de bon... La dernière fois, dans cette même rue, c'était un homme honnête et néanmoins maladroit qui avait embouti l'arrière et le côté...

Rien d'apparent cette fois, puis je lis le deuxième mot "deux vis dans vos pneus, attention..." Le temps de réaliser en effet que deux pneus sont dégonflés, j'entends une voix me héler.

Juste au-dessus de moi. L'homme descend et m'explique.

Il a entendu, vu, deux galopins, le temps qu'il les interpelle et descende, le mal était fait.

Un grand moment de découragement, et bien sûr le jour d'un RV déjà reporté, découragement et lassitude, mais pas bien longtemps.

Cet homme s'est montré si prévenant, si obligeant, et si disponible que le bon côté a fini par l'emporter haut la main pour cette étrange journée !

Non seulement il a installé la roue de secours, sorti la deuxième roue, bricolé une cale, mais il a aussi insisté pour me ramener chez moi et... revenir me chercher à l'heure de l'ouverture des garages !

Et il est venu, avec les deux roues, m'a accompagnée jusqu'à Point S où il a pris les choses en main...

Deuxième bonne surprise, un jeune homme qui s'occupe aussitôt de vérifier si les pneus sont réparables. Ce qui est le cas, pour une somme bien inférieure à celle à laquelle je m'étais déjà résignée.

Retour avec le bon samaritain qui installe une roue et... entend un sifflement ! Installation de la seconde en lieu et place, nouvelle crainte, et multiples recommandations pour que je ne prenne aucun risque, et pour que je demande une réparation et non un jeu de pneus neufs "puisque c'est réparable"...

Un peu échaudée tout de même par la suite des événements, je retourne en roulant tout doucement jusqu'au garage. Le même jeune homme un peu surpris démonte une roue (ah, c'est quand même beaucoup plus facile avec les outils adéquats !), vérifie, répare, démonte la roue de secours, la regonfle, la range (mieux que le concessionnaire la dernière fois...) dans son logement, répare le second pneu, m'indique qu'il faudra en changer deux "d'ici 5 000 km au plus", me montre les fameux "témoins d'usure" que je n'avais jamais réussi à voir lorsqu'on me disait "Mais si, là, tu vois !" lorsque la roue est à sa place sous la voiture...

Il est même allé expliquer au patron que des élèves avaient crevé en deux emplacements différents les mêmes pneus dont je venais de payer une première réparation. Du coup celui-ci m'a dit que je ne leur devais rien...

Pas totalement rassurée sur la route en repartant, mais totalement émerveillée par tant de gentillesse désintéressée.

Du coup, je me reproche un peu de ne plus assez la voir au quotidien, cette solidarité, cette générosité, cette disponibilité. Surtout ces derniers temps où la colère, le ressentiment, le découragement influent quand même quotidiennement sur notre profession, où la même colère impuissante, le même découragement a hanté les discussions et les réflexions de ces dernières années.

Alors à côté de cet homme providentiel, qui a interrompu son chantier à trois reprises juste pour me venir en aide, je mets le sourire de cet autre élève croisé dans l'après-midi qui s'approche spontanément pour s'excuser d'avoir manqué ce matin, sa maman qui s'approche et m'explique qu'il se fait du souci pour sa petite soeur opérée de la hanche demain, et l'appel de l'amie d'une amie qui se présente avec application sur mon répondeur pour me proposer de partager une vacation, et même les plaisanteries particulières parce qu'elles sont toujours accompagnées d'un sourire franc, d'un vrai regard, de ceux qui vous reconnaissent et non de ces sourires de circonstances aussitôt effacés.

Bon, et bien, ce sera suffisant comme sourires et soleils pour la journée. Il est grand temps de se mettre au travail pour compenser toutes ces heures hors programme !

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dimanche 20 mai 2012

Message personnel dans les méandres de l'âme

J'ai une décision à prendre.

            Heu ? C'est quoi cette nouvelle présentation pour écrire ? Pouah, berk, ça ne donne vraiment pas envie !
Fin du hors sujet.

Une décision.

Ce n'était pourtant pas un problème il n'y a pas si longtemps. Ou bien voilà bien longtemps au contraire ? Allez savoir. Le temps m'échappe, et j'ai toujours bien aimé cela en fait. Le temps, les chiffres, les souvenirs : j'ai toujours entretenu d'étranges rapports avec eux, moi je dis que ce sont des relations poétiques, d'autres me soupçonnent de le faire exprès... ou de n'être pas tout à fait normale.

Mais la normalité, c'est très ennuyeux. L'harmonie n'est pas la norme. L'équilibre non plus. Evidemment ce n'est pas si évident et les regards à nouveau se font soupçonneux. J'aime l'harmonie et mes petits rituels, mais j'aime aussi l'imprévu et la fantaisie. Je n'aime pas être bousculée, agressée, "c'est pas pareil"*

"Je veux l'inaccessible, qu'importe que j'y perde".

Plus de trente ans déjà, mais c'était hier, et encore si familier, de mots en mots, des chansons fredonnées, enchaînées, aller mieux, retrouver l'énergie, le désir, le pourquoi. Parfois je crois l'avoir perdu, d'autres fois avoir suivi une voie singulière, pas si étrange pourtant mais qui dénote, peut-être juste parce que je n'ai pas trouvé (cherché ?) l'environnement qui lui conviendrait. Ou peut-être parce que c'est ainsi qu'elle se vit, en parallèle, en solitaire.

Je me souviens pourtant, avec force et tendresse à la fois, des quelques-uns qui, tout naturellement, partageaient cette harmonie-là, sans effort, sans délai, une reconnaissance mutuelle et paisible. Et aussi de ceux qui l'incarnaient, l'intensifiaient, en faisaient un idéal au sens propre bouleversant. Ceux-là vieillissent, et même si je me le reproche à l'instant même où je le pense, leur décrépitude m'éloigne. C'est horrible d'écrire un mot pareil, presque plus que de le penser**. Mais c'est exactement ça pourtant, peine et peur et rejet dans l'instant, par instinct. Facile ensuite de se le reprocher, d'intellectualiser, de nuancer, il n'empêche : le temps abîme les enveloppes charnelles, et émousse les colères, transforme bien des flammes en pauvres étincelles, lointains vestiges de flamboyances à la perfection surhumaine.

La méditation n'a jamais voulu de moi,et ce n'est pas faute d'avoir essayé de m'y initier. Mais je me perds très bien, n'importe quand, n'importe où, dans le monde incertain des songes, au-delà des apparences et des conventions, dans "l'ancien monde" des mythes arthuriens, dans le monde perdu des sortilèges, des mystères et de l'irrationnel.

Une décision à prendre, une réalité à affronter. Mais ai-je vraiment envie d'être autre que je ne suis ? La réalité a-t-elle rattrapé l'enfant qui affleure toujours ou la nostalgie est-elle rappel salutaire de ce qui compte vraiment ?

J'ai dit oui sans réfléchir, et depuis j'y réfléchis même sans y penser. Devenir adulte ? Prendre des responsabilités ? Accéder à un autre statut, une reconnaissance officielle ? Mais tout cela a déjà eu lieu, si des satisfactions en sont nées, bien éphémères elles ont été, et fort superficielles au fond. Pourquoi donc continuer à chercher ce qui finalement ne m'apporte que si peu, ne m'apporte rien en fait, rien d'important, et peut-être même me perd - ou m'éloigne, à tout le moins, de l'essentiel.

Il semblerait finalement que la décision soit prise. Non, je n'ai rien à prouver aux autres. Qui s'en moquent certainement en plus. L'essentiel n'est pas là, n'y a jamais été. J'oublie, c'est mieux.

Et j'essaie du même coup de retrouver l'essentiel. Non pas retrouver, lui redonner, en pleine conscience, sa place.

* Etre seul, c'est vivre seul au milieu de la foule. Et ça fait mal, tu sais, ça fait comme une boule, qui te cache le soleil. Au milieu du désert, on n'est pas seul, tu sais. On est perdu, c'est pas pareil. C'est pas pareil. 

** Ce doit être la saison des interrogations existentielles... La pensée précède-t-elle la parole, la conscience précède-t-elle la pensée, l'une peut-elle exister sans l'autre ?