samedi 15 mars 2014

"Je suis né en manque d'une chose étrange..."

J'ai tout effacé.

Mon professeur de lettres de quatrième et de troisième, que j'admirais en silence mais suffisamment pour aller lui demander son adresse en fin d'année (et la voir de près pour la toute première fois, quand j'y pense, c'était vraiment un autre temps...) m'a écrit par la suite "Une lettre ne rougit pas, disait Cicéron" pour m'encourager à me livrer davantage.

Une lettre permet de mettre un peu à distance certes, mais quand accepter certaines idées est déjà difficile, les voir écrites devient une épreuve que je n'arrive toujours pas à affronter.

Pourtant, au fond, je ne crois pas avoir réellement honte de ce que je ressens. Je suis consciente que l'on ne peut tout maîtriser et que ce n'est pas souhaitable d'ailleurs. Et, en même temps, j'en repousse l'expression, même dans ma propre tête, mettre des mots sur certaines choses m'est insupportable. Au sens propre. Comme si les mots leur donnaient une réalité. Comme quoi le Verbe n'a rien d'une métaphore pour moi !

Périodiquement, j'essaie de comprendre, d'identifier une origine, à défaut un processus. Mais c'est toujours peine perdue pour l'instant.

Aujourd'hui, j'essayais d'écrire sur mes relations difficiles avec mon fils. Je crois qu'elles sont liées à une incapacité bien enracinée vis-à-vis de toute la gent masculine.

Et pourtant, je me souviens de moments de grâce, de - rares - rencontres évidentes, où tout était simple et clair. Naturel.

Mais c'est loin d'être le quotidien, et cela ne l'a jamais été. Nombre d'êtres me sont incompréhensibles, étrangers. Et j'ai ressenti cela même devant un tout petit enfant, mon enfant pourtant. L'altérité fondamentale.

Donc ce ne pouvait pas être, pas seulement, une réaction de défense face à la force brute. La fuite devant les conflits, la souffrance viscérale qu'engendrent les cris, la violence, l'indifférence aux sentiments des autres. Entre souffrance et mépris en réalité, plus le temps passe et plus le mépris l'emporte, mais malgré tout le coup d'abord ressenti dans le plexus solaire demeure bien réel dans les situations de crise, qu'elles me concernent directement ou non.

C'est d'autant plus difficile que les temps semblent plus propices que jamais à ceux qui crient, qui s'imposent, qui avancent en écrasant les autres, sans une once de regret, avec une insolente fierté même. Et en écrivant cela, je réalise que les images qui me viennent appartiennent de plus en plus aux deux sexes en fait.




Bon, quand écrire devient aussi laborieux, mieux vaut que je laisse tomber. Un jour peut-être je trouverai le bon fil pour dénouer tout cela mais ce ne sera pas plus aujourd'hui qu'hier.

4 commentaires:

Ed a dit…

C'est pour ça qu'un blog, c'est bien. Cela permet de développer ses ressentis, ses idées. Sans stress. Et parfois une synthèse se fait dans une conversation plus facilement, d'un point de vue déjà exprimé à l'écrit.
Qu'il y ait autant de "grandes gueules" féminines que masculines, je trouve cela plutôt rassurant.

Axel a dit…

Point de vue intéressant Ed mais... troublant. J'associe presque naturellement grandes gueules et violence, mais "femmes" et "violence" (même si je ne suis pas aveugle, hein) je ne peux pas m'y faire.

Le CPE a dit…

Que dire, si ce n'est que tu écris si bien, et tellement de choses qui raisonnent en moi.
Merci.

Axel a dit…

C'est moi qui ne sais comment te remercier de tes appréciations toujours positives !

J'espère vraiment, de tout cœur, que les montagnes russes vont s'apaiser pour toi. Je crois sincèrement que c'est parfois le prix à payer pour rester intègre.
Bon courage.