jeudi 29 octobre 2009

Décadence

Un grand choc, et comme si cela ne suffisait pas, j'y suis retournée hier soir...

La mise à mort du travail, un documentaire dont la première partie est passée en "prime", et la seconde... plutôt tard dans la soirée d'un autre jour !

france-info.com/chroniques-culture-et-media..........................................

"Le travail, c’est la santé", disait la chanson. C’était un temps où l’on ne se suicidait pas ou peu au travail. L’actualité l’a malheureusement rappelé : le travail produit des souffrances physiques, psychiques. Un documentaire montre le fruit des cadences infernales et du "produire plus" sur la santé des salariés.

Il est signé Jean-Robert Viallet et est le fruit de trois ans de travail. Chaque jour, le documentariste a filmé au sein des entreprises des hauts-de-Seine, entre Nanterre et la Défense dans des sociétés de service. Monté en trois parties, "Le Dépossession ", "l’Aliénation" et "la Destruction", ce documentaire explore les techniques de management contraignante, et isolant toujours un peu plus le salarié.

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Bien sûr, on en entend parler, bien sûr il est question ici et là de pression, de harcèlement, de suicides, bien sûr, mais à ce point là...

Entre révolte et désespoir, entre le cynisme affiché des "experts" en management, les interventions d'universitaires qui faisaient froid dans le dos, les regards terriblement tristes de ces ouvriers face aux délégués syndicaux, le désarroi du jeune cadre qui réalise s'être fait exploiter deux ans durant... C'était terrible, terrible à voir, terrible à suivre.

Des ouvriers transformés en robots, des cadres poussés à l'inhumanité, des vendeurs sur le grill sous couvert de reconnaître leur "excellence", et des théories appliquées sans état d'âme, des théories bien rodées pour gagner, gagner, gagner toujours plus, à tout prix.

Dernières images sur des regards d'une infinie tristesse, dernier commentaire glaçant malgré le ton posé et retenu "la décadence d'une civilisation"...

Voilà bien des années, dans un autre temps, je me souviens de ce professeur nous expliquant les ravages du taylorisme et son abandon "évident" tant les résultats en étaient inhumains, contraires à la dignité humaine... Et voilà des sourires hypocrites, des sourires de loups (encore que c'est bien injuste pour les loups ce genre d'images !) devant leur proie qui expliquent sans honte, sans gêne, qu'ils ne visent que l'amélioration des conditions de travail, qui acceptent de laisser filmer leurs méthodes... si sûrs d'eux ? de leur impunité ? j'ai du mal à comprendre comment les journalistes ont pu les convaincre, comment on peut prétendre faire cela la conscience tranquille...

La peur partout, la peur bien plus que la révolte, la tristesse sans même un sursaut de colère. Et ce multi milliardaire raide et fermé qui danse, qui égraine imperturbable ses derniers résultats.

Mais quand donc le monde a-t-il tant changé ? Voilà cinquante ans seulement une ouvrière modèle refusait de se laisser chronométrer sur sa machine. Et aujourd'hui ses consoeurs en arrivent à se tuer ? Voilà trente cinq ans des adolescentes rêveuses se demandaient s'il était bien sage de mettre des enfants au monde pour un avenir incertain, mais l'optimisme dominait pourtant... Voilà à peine plus de vingt ans, une employée timide refusait tout net de subir les caprices d'un cadre exigeant une fois de trop un travail urgent en toute fin de journée. Et aujourd'hui les collégiens rêvent d'abord de gagner "beaucoup d'argent"...


http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/

1 commentaire:

Ed a dit…

J'ai regardé la première partie et ai été aussi anéantie que toi. Mêmes observations sur l'évolution du monde du travail... J'ai ai même bcp parlé mardi soir avec Virgibri et une autre amie parisienne tellement j'étais chamboulée.