samedi 16 février 2013

Les mots des maux se dérobent

Entre deux eaux.
Tiens, c'est le titre d'un blog que j'aimais bien mais que j'ai perdu de vue depuis trop longtemps.

Etrange sensation, aussi familière qu'étrange pourtant. C'est bien la pire peine de ne savoir pourquoi... Ce pourrait être, ce devait être une bonne journée. Mais quelque chose vient gripper les rouages.
Comme la serrure que j'ai débloquée pour la seconde fois sans comprendre d'où vient le problème au fond, et du coup je n'ai plus confiance et évite de l'utiliser.

Soleil réconfortant, aprèm paisible, et pourtant peu à peu, mais bien avant les ombres du soir, quelque chose qui s'appesantit sans se préciser vraiment. Je me suis installée confortablement pour lire mais l'envie s'est dérobée. Encore.

Envie de silence et comme l'impression de m'effacer, de ne pas faire de bruit pour ne pas avoir l'impression de déranger, comme pour s'excuser de n'être pas à sa place, se faire le plus discrète possible, pas légitime.
Le silence, la paix, l'harmonie ? Il manque quelque chose je crois. A moins qu'il n'y ait quelque chose en trop, ce quelque chose qui pèse, juste un peu, juste assez pour n'être pas si négligeable.

Tiens la lampe vient de s'éteindre, l'ampoule est quasi neuve. Clin d'oeil, signe, symbole, allez savoir. Juste un peu moins de lumière, elle vacille un instant avant de mourir pour de bon. Ou bien ce n'est que cela, une petite baisse d'énergie qui voile un peu la lumière. Les signes sont facétieux ce soir, la voilà qui brille à nouveau.

Etablir des listes et des comparaisons ne m'a jamais servi à rien. Depuis le temps, je ne devrais même plus essayer. Elles se construisent pourtant, comme des relais, comme des poteaux indicateurs, pour dire, pour essayer de le faire croire plus exactement, que tout va bien, que cela ne va pas si mal.

Objectivement, comme ils disent, oui tout va bien. Enfin, disons que les raisons ne manquent pas de... De quoi justement ? Se réjouir ? Pas vraiment, non. Se rassurer ? Mais il reste tant et tant de motifs d'inquiétude. Voir venir plus sereinement ?
Voilà, c'est peut-être juste cela.
Mais je n'y crois pas. Pas vraiment. Ce doit être là que le bât blesse. Enfin, là aussi plutôt.

Pourtant je pourrais sans mentir, sans réfléchir, me juger plutôt optimiste. C'est vraiment étrange tout de même cette inquiétude latente.
C'est peut-être que rien ne prouve que ce qui a été sera, c'est sans aucun doute que certaine sécurité - toute relative au demeurant - n'apporte rien d'autre qu'une inquiétude de moins et que c'est loin de suffire au fond.

C'est, je le sais bien au fond, une incurable propension à idéaliser, une (coupable ?) ingénuité que quelqu'un un jour a qualifié de sensiblerie (il avait tort en l'occurrence mais son ton méprisant est resté gravé), un... repli ? refuge ? une fuite ? une immersion excessive ? dans un monde imaginaire qui cependant n'a pu se construire qu'à partir d'éléments bien réels bon sang !

Je voudrais, tiens, revivre ce sentiment de communion quand un auteur met en mots ou en images ce monde, pas du tout idéal, mais où, enfin, tout m'est familier.

Et je rêve, encore un peu, mais de moins en moins, d'une rencontre évidente, d'une résonance, d'une certitude.

Tiens, je vois se profiler une autre liste rassurante, un autre fil qui se dessine dans la tapisserie de l'Univers. Mais je ne le remonterai pas celui-ci. Plus de béquilles bancales, ce n'est pas la solution.

Ce doit être cela qui manque aussi, une solution provisoire quand le monde semble s'éloigner, vaciller un peu aussi. Les solutions anciennes sont épuisées je crois. Une petite mise en jachère leur serait peut-être profitable, qui sait.

Demain sera un autre jour.

4 commentaires:

Le CPE a dit…

Fragilité du moment bâti sur le mur de sable des expériences précédentes.

Axel a dit…

J'aime beaucoup ton style Monsieur Le mais j'espère tout de même ne pas bâtir sur du sable ! ;-)

Ed a dit…

Vieillir n'est-il pas douter et devenir de moins en moins optimiste ? Je sais que je n'aurai plus jamais l'idéal de ma vie, rien qu'à cause de tous ceux qui me manquent et ne peuvent revenir. L'expérience m'a aussi rendue plus consciente des risques. Quand un moment est bon, je sais qu'il n'est que le résultat d'une amnésie saine qui nous permet de ne garder en tête, un instant, que le bon. Mais j'arrive aussi à mesurer la chance que j'ai de ne pas connaître tous les malheurs dont j'ai maintenant conscience, et que j'ignorais encore, jeune. Ce n'est pas de l'optimisme. C'est du réalisme. Evidemment ça n'empêche pas de rêver. Moi, à une vie où je pourrais vivre au quotidien avec ADMV au lieu d'avoir notre rythme qui me rappelle l'internat, peut-être aurons nous cette chance avant la retraite ! Rêve de ta rencontre, et elle finira par arriver.

Axel a dit…

Merci pour le partage Ed.
Oui, il s'agit peut-être du deuil de l'idéal... mais pas seulement je crois.

Pour ce qui est de rêver de la rencontre, franchement, je n'y crois plus du tout. J'ai déjà rêvé trop longtemps sans doute. Ou ce n'était pas ma route, simplement.




PS - Le mystère ADMV reste entier pour moi (d'ordinaire je rassemble assez bien les indices pourtant...)