mercredi 4 janvier 2012

Le triple D

Presque par hasard, après le joli petit téléfilm de la 3 Villa Marguerite de Denis Malleval, j'entends quelques noms d'invités prévus dans l'émission de Frédéric Taddéï, une émission que je regarde plus que rarement parce que bien trop tardive quand les journées commencent tôt et sont plus que denses. Juliette, Gabriel Matzneff, Daniel Darc... Je patiente pendant le Soir 3 et dès le début de l'émission me laisse happer, jusqu'à sa fin.

Un improbable admirateur de Sarkozy (?!?) croise le fer avec Edwy Plenel, homme dont le sourire (même un peu trop systématique) et le vocabulaire me ravissent jusque dans la (légère) mauvaise foi. J'apprécie particulièrement sa façon de s'exprimer, les rythmes ternaires, le vocabulaire choisi qui semble jaillir spontanément, l'insistance sans répétition. Peut-être un peu systématique, mais pourquoi bouder son plaisir après tout !

Et au détour d'une envolée souriante, le triple D. Un président Diviseur, un président Destructeur, un président de la Déprime.

C'est le dernier point qui m'a complètement réveillée (pour bien plus longtemps que l'émission elle-même, si bien que le départ fut plus difficile que jamais ce matin !)
Diviser pour mieux régner, aucun doute, il maîtrise. Opposer les uns aux autres, désigner à la vindicte, je crois que peu se sont finalement sentis épargnés ces dernières années... Saper consciencieusement les fondations, détruire volontairement, avec un cynisme rare, hélas aucun doute non plus à ce sujet.

C'est la Déprime qui a fait mouche. En pleine période de voeux lorsque la majorité d'entre eux évoquent un "malgré ce qui nous attend". Quand les originaux qui croient encore un autre monde possible se font plus que rares, remarquables, originaux : singuliers. Quand les conversations finissent bien trop souvent par "que faire ?", "on n'y peut rien". Quand "la" crise devient omniprésente, légitime tout et son contraire. Quand la révolte se heurte sans cesse à un mur inébranlable. Oui, c'est exactement ça qui plombe l'atmosphère jour après jour, ce sentiment déprimant et - merci M. Plenel ! - pas du tout naturel qu'il faut se méfier de tout et de tous, se sa-cri-fier, tout accepter, courber l'échine, faire le gros dos devant l'inévitable tempête qui va, c'est sûr, emporter notre monde et toute la lumière avec !

Alors tiens, le triple D, soudain réduit à ces initiales qui en rappellent d'autres, permet de sourire d'abord, de prendre conscience ensuite, et pour le coup de balayer l'ensemble d'un Finissons-en ou autres Qu'ils s'en aillent tous !


http://www.pluzz.fr/ce-soir-ou-jamais-2012-01-03-22h05.html

Et à part ça, Juliette n'a pas beaucoup parlé (mais s'est exprimée avec force sur "les pauvres"), un écrivain dont je n'avais jamais entendu parler (Alain Mabanckou) m'a donné envie d'en savoir plus, Matzneff a retrouvé en dix secondes l'affection qui m'avait quelque peu désertée après Les lèvres menteuses si mal digérées, Daniel Darc n'a guère été servi ce me semble par cette unique apparition, et une jeune femme mal à l'aise (Esther Duflo) et à la voix quelque peu agaçante s'est révélée tout à fait convaincante. (Ah, l'histoire de la moustiquaire, je ne vais pas me priver de la ressortir - même si je n'ai pas sa légitimité pour le faire !)


2 commentaires:

Ex-prof a dit…

Contente de te retrouver : je me sentais un peu seule depuis quelques semaines où mes blogueurs préférés semblaient en longues vacances...

Merci pour ce triple D... S'il ne remonte pas le moral, du moins l'éclaire-t-il d'une certaine façon !

Au fait : Bonne Année !!!

Axel a dit…

Bonne année à toi aussi !

Et merci de continuer à passer sur un blog bien moins alimenté que le tien !