lundi 8 août 2011

Le silence est d'or ?

Le poids des mots n'a rien d'un slogan en ce qui me concerne. Aussi loin que remontent mes souvenirs la puissance du verbe a toujours été une réalité quotidienne. Un seul mot peut faire surgir, à l'instant, une scène d'une redoutable précision. L'impact d'une phrase peut me déséquilibrer physiquement, et résonner encore des années et des années plus tard.
Alors il est devenu bien rare que les mots jaillissent sans réflexion hors de ma bouche. Et dans une situation difficile, parfois, je tente de ne pas même penser certains mots parce que ce serait donner à une réalité que je refuse une force démesurée, insupportable.
Le dilemme est que ces mots "bloqués" ne disparaissent pas pour autant, que ce qui n'a pas été dit n'a pas été réglé non plus, que personne n'a pu atténuer la violence qu'ils véhiculent, ou offrir un regard neuf et la distance nécessaire pour faire la part des choses.

Affrontement brutal, inquiétant, incompréhensible hier soir. Impossible d'en parler à quiconque. Mise à distance en guise de mode de survie. Sauf que je n'ai pas aimé ce refuge là, sauf que j'ai eu l'impression d'un deuil intime.

Alors j'essaie quand même de mettre quelques mots sur les choses, sans les dire, mais en y réfléchissant il me semble.

8 commentaires:

Le CPE a dit…

oui, tu réfléchis, et bien en plus.
Merci.

Axel a dit…

Tu ne comptes pas t'installer comme rayon de soleil par hasard ?
Merci à toi !

Ed a dit…

Je me remets moi-même difficilement d'un affrontement verbal qui a eu lieu devant moi la semaine dernière, et auquel je n'ai su réagir que par le silence. Cela me ressemble peu. Mais la tétanie m'a saisie. Réfléchir après, oui, mais je voudrais reprovoquer le dialogue, même violent, pour y prendre part cette fois. Puisses-tu le faire toi aussi, sans forcément de violence.

Axel a dit…

Merci Ed.
Le silence de sidération, je ne connais que trop pour ma part.
Par contre jamais je n'envisagerais de remettre un sujet conflictuel sur le tapis de moi-même... il me semble dans ces moments-là que les dégâts sont irréversibles, et je ne veux surtout pas prendre le risque d'en rajouter.

Ex-prof a dit…

Les mots écrits ont-ils la même violence ?
Il m'est arrivé, après un problème douloureux, d'écrire - pour moi, évidemment. Pas forcément une relation ou une analyse : des impressions, que je laissais dériver au fil de la plume...
Parfois, cela m'a aidée...

Bon courage !

Axel a dit…

"Les mots écrits ont-ils la même violence ?"
Oh là là, oui ! Je n'envisage même pas d'écrire certaines choses ! Former les lettres et voir les mots "s'imprimer" sur le papier, brrr ! Mais tu as bien raison : écrire "au fil de la plume" sans rien de précis peut souvent aider... et recevoir de gentils commentaires aussi mais ça c'est une découverte bien plus récente !

La méli-mélo a dit…

Les mots peuvent aussi nous sauver. Toi-même ici tu en déposes qui traduisent ce qui se passe en toi. Ce qui est écrit n'est pas forcément le reflet de ce qui se passe à l'intérieur. Mais la manière dont les mots sortent et s'expriment, est aussi révélatrice. On a parfois la sensation de ne pas trouver le bon mot pour traduire un état.
Je comprends si bien tout celà... En ce moment je lutte (je ne trouve pas d'autre mot) avec le mal-être de ma fille. Si elle trouvait le chemin des mots elle serait sauvée. Nous en sommes encore très loin...

La méli-mélo a dit…

Les mots peuvent aussi nous sauver. Toi-même ici tu en déposes qui traduisent ce qui se passe en toi. Ce qui est écrit n'est pas forcément le reflet de ce qui se passe à l'intérieur. Mais la manière dont les mots sortent et s'expriment, est aussi révélatrice. On a parfois la sensation de ne pas trouver le bon mot pour traduire un état.
Je comprends si bien tout celà... En ce moment je lutte (je ne trouve pas d'autre mot) avec le mal-être de ma fille. Si elle trouvait le chemin des mots elle serait sauvée. Nous en sommes encore très loin...