Intriguée par les commentaires d'un film à venir sur Canal, je tombe par hasard sur ce texte de Maxime Le Forestier.
Texte que je reconnais aussitôt : nous l'avions "étudié" en seconde avec une enseignante plutôt démago. Du genre à raconter sa vie au lieu de faire cours, à nous abandonner deux heures dans une salle avec un vague sujet de rédaction*, et en l'occurrence à proposer d'étudier une chanson de notre choix...
Un camarade avait apporté son disque (33 tours !), elle avait photocopié le texte de la chanson et... consciencieusement démoli le texte et sa pauvreté. Je me souviens encore de l'air interloqué de l'élève lui disant que ce texte était dédié à Pierre Goldman. "Comment le sais-tu ? - Ben... c'est écrit là..."
D'où je conclus bien des années après que mon professeur de français de lycée ne s'intéressait pas plus que moi à l'actualité... Quand je pense comme je suis restée longtemps traumatisée par celle qui m'a accompagnée deux années durant au collège dans le goût des mots et des auteurs, traumatisée par une réflexion acerbe sur notre désintérêt de l'actualité, sur l'indignité des êtres humains qui ne se tenaient pas au courant de la vie de la cité et de l'état du monde...
Ces dernières années j'aurais bien souvent préféré être à nouveau bien loin de ce quotidien-là pourtant et pouvoir sans effort, sans y penser, m'abstraire de ce flot d'informations de moins en moins dignes, de plus en plus affligeantes...
Tiens, cela me rappelle un autre souvenir de ce passé décidément bien révolu : la trêve de Pâques et de Noël qu'observaient les journalistes dans un autre siècle...
Les souvenirs sont choses bien étranges, à l'improviste j'aurais juré que cette séance, comme celle des deux heures en "autonomie", avait eu lieu au collège. Mais la date ne permet aucun doute, et en effet jamais Madame V. n'aurait eu pareille attitude ! Non, c'était bien cette étrange enseignante de seconde qui nous parlait un bon quart d'heure de ses cartes de visites avec un faute de français "un comble pour une ???" (il me semble qu'elle nous parlait de son grade universitaire mais je n'en suis plus du tout certaine).
Et tout naturellement me revient alors le souvenir de notre professeur de lettres en première. Madame A. brillante et lointaine, mais d'un physique lourd à porter, et pas mal chahutée, quand je buvais ses paroles et ses analyses de poèmes. Elle continuait imperturbable à lire, expliquer, révéler la magie des textes...
* Et je me souviens comme si c'était hier du poème écrit en capitales rouges par un camarade dont nous découvrions à cette occasion l'engagement...
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8 commentaires:
Je ne sais pas pourquoi les profs de français s'acharnaient ainsi contre MLF qui ne leur avait pourtant rien fait...
Ma prof de première avait elle aussi démoli ses chansons. C'était en 1974.
Moi, je me souviens surtout de l'étroitesse d'esprit de mes profs de lycée, insupportable après tous les jeunes profs que j'avais eus au collège, et leur enthousiasme immédiatement après 1968.
Toi aussi alors ?!
Au collège pas tellement de jeunes profs dans le sud déjà... ou bien ils ne l'étaient pas à mes yeux ? Au lycée, un jeune homme arrivé en cours d'année et qui sortait du service militaire, bien plus souriant que la moyenne, et une jeune femme qui nous encourageait à développer nos passions plutôt qu'une carrière. Tiens, c'est drôle, ils enseignaient tous les deux les maths - mais cela n'a pas suffi à me les faire apprécier !
Ah oui, ces jeunes profs à l'accent du midi, expatriés par l'éducnat, et aux numéros exotiques sur leurs 4L...
Dans le nord, on avait ce privilège ! Surtout dans les collèges type Pailleron, construits à la häte et ouverts en 1969.
4 L et Pailleron, mais oui ! Tirer un fil et voir surgir les souvenirs, j'aime beaucoup ça !
Ce matin en voiture m'est revenu le titre qui mettait ma prof de français dans tous ses états. Elle n'en avait sans doute jamais lu que le titre d'ailleurs.
"J'men fous d'la France",
ça continuait par "on m'a menti, on a profité d'mon enfance pour me faire croire à des conneries." Il désespérait de retrouver la liberté, l'égalité et la fraternité dans notre pays... Il avait 26 ans, il se révoltait, et je lui en sais gré.
Tu rêves aussi en voiture ?
Oui, MLF me semblait fort bien dire ce que je ne percevais pas bien clairement, mais il était fort rare de toute façon qu'un adulte et plus encore un professeur ne regarde pas de très haut ce qui nous intéressait...
Ma mère était venue avec moi à ce premier concert. (Sortir à 15 ans, ce n'était pas forcément autorisé à l'époque...). Elle avait beaucoup aimé le chanteur, et je me souviens qu'elle avait été touchée par le public, tous les jeunes qui reprenaient en choeur les chansons.
Tiens, j'avais oublié ce détail ! Effectivement, il aurait été hors de question que je sorte seule... c'est avec ce genre de souvenirs que je réalise à quel point les choses ont changé...
Je crois que mon premier concert de grande c'était Higelin à Dijon, et la première fois que j'ai traversé la France sans me préoccuper une seconde du retour c'était Iggy Pop à Toulouse...
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