Pour fêter les vacances, une petite anecdote attendrissante.
En aide aux devoirs, un petit groupe assez hétéroclite. Une grande fille, disons spontanée, que je viens de reprendre sur son langage. "Oui, vous nous dites que c'est pas bien de dire "bordel" mais vous, vous le dites aussi". J'ai à peine le temps de protester qu'une voix s'élève "Ah non, ma prof de français elle va jamais t'insulter, même pour te dire par exemple que t'es débile elle va trouver des mots mieux, des mots bien comme il faut".
C'était l'un de mes élèves, et c'est bien la première fois que j'entends un compliment de sa part. J'ai un peu tiqué sur "débile" mais il essayait tellement de préciser sa pensée, il était si mignon à défendre "sa" prof de français...
Le genre de surprise qui rassure et compense les réunions parents-prof où un parent vient vous reprocher de parler "trop français" (!) pour que les élèves puissent comprendre.
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5 commentaires:
Cela me rappelle cette anecdote que j'ai déjà dû raconter dans mon blog : à la suite d'un débat sur la peine de mort (avant 81), deux ou trois élèves de 4ème sont restées discuter avec moi, sentant bien, par mes questions et objections, que je n'étais pas d'accord avec elles. Et l'une d'elles, finalement :
"Oui, mais c'est pas juste ! Vous, vous avez les mots !"
Les mots pour le dire, justement...
En 4°, il y avait quand même de bonnes chances pour qu'elles finissent par devenir des oratrices hors pair, surtout sur un sujet qui les auraient passionnées.
J'ai tellement l'habitude des élèves qui refusent de faire un effort "Mais nous on [se] comprend" , "mais c'est pareil !", "mais c'est français ça ?!?" que d'entendre ce petit garçon accorder spontanément de la valeur au choix des mots m'a réellement fait plaisir et rassurée. S'exprimer, cela s'apprend, mais à condition d'y attacher un peu d'importance.
Et comprendre qu'on ne sera reconnu dans cette société que si l'on a les mots justement, même si la télé, les media, les politiques, et certains profs, font comme s'il fallait s'adapter au langage de ces jeunes, et non le contraire. On leur ment, et ensuite la chute est dure, ou bien même ils montent si peu qu'ils n'ont même pas l'occasion de faire cette "chute" salutaire.
Je suis bien d'accord Ed. Il devient bien difficile de donner des exemples de langage soutenu quand la plupart de nos élèves ne l'ont jamais entendu. Je me souviens très bien de l'exigence de mes professeurs de collège, de la culture des professeurs de lycée, et je suis chaque fois surprise lorsque j'entends d'anciens discours ou d'anciennes émissions de télévision du niveau de vocabulaire et d'expression... Le monde a changé certes en cinquante ans mais j'avoue avoir du mal sur cette perte là.
De temps e temps ils s'aperçoivent qu'il leur manque le vocabulaire mais hélas, les 3/4 du temps, ils font avec le peu qu'ils ont et n'essaient pas de faire mieux en réutilisant les mots, pourtant pas si compliqués, qu'on emploie en cours... et c'est vrai que pour se faire comprendre, il faut passer par plusieurs mots et parfois finir par le mot vulgaire... comme par exemple : hypocrite, on finit toujours pas faux-cul (qu'ils écrivent focus)
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