mercredi 5 mai 2010

La communication

Une chose en entraînant une autre... Tombée par hasard sur l'une des interview de Jérôme Kerviel, j'avais été assez surprise par sa maîtrise du discours - et son élégance, au passage. Il semblerait d'après un blog sur la justice (Aliocha il me semble) qu'il bénéficie d'un conseiller en communication.

Ce qui me rappelle cette tenace et pénible impression de plan fort bien concerté contre les fonctionnaires en général, et les enseignants en particulier puisque ceux-là m'intéressent d'un peu plus près... Ces rappels permanents des vacances, des grèves, des congés maladie forcément suspects, bref de tous ces jours où, comble de l'horreur, ces chers petits sont privés des cours qu'ils suivent avec tant d'intérêt et d'assiduité... Ces rapports multipliés sur le rythme scolaire "pas du tout adapté" à celui "des enfants" - en oubliant au passage que le rythme n'a jamais été conçu pour le confort des enseignants, cette lourde insistance sur les vacances d'été effroyablement longues, une coupure insupportable, un gouffre dans lequel sombrent toutes les connaissances péniblement accumulées durant l'année, ces études sur le niveau catastrophique des élèves français comparés "à d'autres" même si la comparaison ne tient pas deux minutes à l'examen de toutes les variables...

Et, pour faire bonne mesure, les "publicités" quotidiennes sur l'indispensable réforme des retraites, ces interrogations renouvelées sur "l'injustice" quasi insupportable des "privilèges" accordés aux fonctionnaires dans ce domaine (le "aussi" qui suit n'a pas besoin d'être exprimé tant il s'entend fort !).

A tout prendre, qu'un jeune homme jeté en pâture au mépris populaire prenne en main sa communication me gêne infiniment moins que de voir cette même communication au service de ceux qui prétendent sans rougir oeuvrer pour le bien public...

5 commentaires:

Future ex-prof a dit…

Oui... Les vacances d'été étaient la concession obligatoire à un monde rural, qui de toutes façons n'aurait pas envoyé ses enfants à l'école à une période où on avait besoin de tous les bras dans les champs.

Se rappeler d'ailleurs qu'elles ne sont pas payées aux enseignants : quand, après guerre, on a légiféré sur le temps de travail des enseignants, on a aligné leur salaire mensuel sur celui des cadres correspondant, on l'a multiplié par 10... et divisé par 12, afin que ces pauvres enseignants touchent une paie à la fin de chaque mois...

Depuis que ces vacances d'été se réduisent d'année en année, je n'ai pas entendu dire que ce mode de calcul, de plus en plus injuste, avait été révisé...

Quant aux "vacances d'hiver", dites aussi "vacances de février", chacun sait qu'elles ont été décidées par les lobbys du tourisme and co. Idem d'ailleurs pour les "week-ends", qui n'ont jamais été demandés par les enseignants !

Ed a dit…

Et les zones non plus, qui font que si les grands-mères (qui bossent encore de nos jours!) n'ont pas la même zone que leurs chers petits, elles ne risquent pas de les voir avant l'été justement...
Mais bon, les profs sont des feignants, c'est connu, et je ne discute même plus. Je dis :"passe le concours !"

Anonyme a dit…

J'ai du mal à comprendre. Kerviel est en train de raconter à qui veut l'entendre que les fonctionnaires sont des privilégiés? Kerviel?? LE Kerviel?
Pincez-moi je rêve...

Axel a dit…

@ Hergeloffeni - Mais non, mais non, mon parallèle doit manquer de clarté. C'est cette désignation d'un bouc émissaire, et le fait qu'on lui reproche d'avoir engagé un "chargé de communication" pour se défendre publiquement qui m'a fait réagir.

Ce garçon utilise pour se défendre les mêmes armes qu'utilisent certains personnages - pourvus d'une toute autre puissance - pour détruire le service public, bien cachés derrière un plan de communication hypocrite et cynique.

@Future ex-prof - Et pourtant, il n'est pas difficile de le savoir pour peu que l'on se renseigne un peu... mais le discours officiel est surabondant lui, pas la peine de chercher plus avant.

@ Ed - Les zones aussi, c'est vrai, j'avais oublié : une fois sur trois, une partie des troupes se retrouve avec des périodes complètement déséquilibrées.
Même "Passe le concours" est battu en brèche ces derniers temps. L'idée se répand insidieusement qu'il ne suffirait pas d'avoir réussi des études pour en profiter ensuite toute une vie. (Encore un raccourci facile mais efficace auprès de certains...)

Ed a dit…

Oui, mais la possibilité de passer le concours est ouverte à tous ceux qui ont le niveau d'études requis et qui en ont le courage !
Si mon interlocuteur n'a pas tenté sa "grande chance !", eh bien, ses arguments ne tiennent pas. Il faudrait au moins faire l'effort de le passer ce concours, je ne dis même pas "de le réussir".