dimanche 20 mai 2012

Message personnel dans les méandres de l'âme

J'ai une décision à prendre.

            Heu ? C'est quoi cette nouvelle présentation pour écrire ? Pouah, berk, ça ne donne vraiment pas envie !
Fin du hors sujet.

Une décision.

Ce n'était pourtant pas un problème il n'y a pas si longtemps. Ou bien voilà bien longtemps au contraire ? Allez savoir. Le temps m'échappe, et j'ai toujours bien aimé cela en fait. Le temps, les chiffres, les souvenirs : j'ai toujours entretenu d'étranges rapports avec eux, moi je dis que ce sont des relations poétiques, d'autres me soupçonnent de le faire exprès... ou de n'être pas tout à fait normale.

Mais la normalité, c'est très ennuyeux. L'harmonie n'est pas la norme. L'équilibre non plus. Evidemment ce n'est pas si évident et les regards à nouveau se font soupçonneux. J'aime l'harmonie et mes petits rituels, mais j'aime aussi l'imprévu et la fantaisie. Je n'aime pas être bousculée, agressée, "c'est pas pareil"*

"Je veux l'inaccessible, qu'importe que j'y perde".

Plus de trente ans déjà, mais c'était hier, et encore si familier, de mots en mots, des chansons fredonnées, enchaînées, aller mieux, retrouver l'énergie, le désir, le pourquoi. Parfois je crois l'avoir perdu, d'autres fois avoir suivi une voie singulière, pas si étrange pourtant mais qui dénote, peut-être juste parce que je n'ai pas trouvé (cherché ?) l'environnement qui lui conviendrait. Ou peut-être parce que c'est ainsi qu'elle se vit, en parallèle, en solitaire.

Je me souviens pourtant, avec force et tendresse à la fois, des quelques-uns qui, tout naturellement, partageaient cette harmonie-là, sans effort, sans délai, une reconnaissance mutuelle et paisible. Et aussi de ceux qui l'incarnaient, l'intensifiaient, en faisaient un idéal au sens propre bouleversant. Ceux-là vieillissent, et même si je me le reproche à l'instant même où je le pense, leur décrépitude m'éloigne. C'est horrible d'écrire un mot pareil, presque plus que de le penser**. Mais c'est exactement ça pourtant, peine et peur et rejet dans l'instant, par instinct. Facile ensuite de se le reprocher, d'intellectualiser, de nuancer, il n'empêche : le temps abîme les enveloppes charnelles, et émousse les colères, transforme bien des flammes en pauvres étincelles, lointains vestiges de flamboyances à la perfection surhumaine.

La méditation n'a jamais voulu de moi,et ce n'est pas faute d'avoir essayé de m'y initier. Mais je me perds très bien, n'importe quand, n'importe où, dans le monde incertain des songes, au-delà des apparences et des conventions, dans "l'ancien monde" des mythes arthuriens, dans le monde perdu des sortilèges, des mystères et de l'irrationnel.

Une décision à prendre, une réalité à affronter. Mais ai-je vraiment envie d'être autre que je ne suis ? La réalité a-t-elle rattrapé l'enfant qui affleure toujours ou la nostalgie est-elle rappel salutaire de ce qui compte vraiment ?

J'ai dit oui sans réfléchir, et depuis j'y réfléchis même sans y penser. Devenir adulte ? Prendre des responsabilités ? Accéder à un autre statut, une reconnaissance officielle ? Mais tout cela a déjà eu lieu, si des satisfactions en sont nées, bien éphémères elles ont été, et fort superficielles au fond. Pourquoi donc continuer à chercher ce qui finalement ne m'apporte que si peu, ne m'apporte rien en fait, rien d'important, et peut-être même me perd - ou m'éloigne, à tout le moins, de l'essentiel.

Il semblerait finalement que la décision soit prise. Non, je n'ai rien à prouver aux autres. Qui s'en moquent certainement en plus. L'essentiel n'est pas là, n'y a jamais été. J'oublie, c'est mieux.

Et j'essaie du même coup de retrouver l'essentiel. Non pas retrouver, lui redonner, en pleine conscience, sa place.

* Etre seul, c'est vivre seul au milieu de la foule. Et ça fait mal, tu sais, ça fait comme une boule, qui te cache le soleil. Au milieu du désert, on n'est pas seul, tu sais. On est perdu, c'est pas pareil. C'est pas pareil. 

** Ce doit être la saison des interrogations existentielles... La pensée précède-t-elle la parole, la conscience précède-t-elle la pensée, l'une peut-elle exister sans l'autre ?
 

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