dimanche 4 décembre 2011

Qui peut dire "C'est ma route et je l'ai choisie" ?

Une idée parmi d'autres dans le numéro de décembre de Marie France :
"Pour aimer son âge, il faut identifier ce que l'on a appris à chaque décennie, s'en sentir riche et ne pas céder sur ses désirs, explique le psychothérapeute Bernard Hévin."

D'abord dubitative, je remonte le temps, puis surprise, à chaque décennie en effet une image, un souvenir me reviennent.
10 ans ou presque, une rue, une radio, et à 10 ans je vis dans ce pays dont parlait le journaliste.
20 ans, une rencontre, la nuit, sur le quai d'une gare, qui se prolonge dans un train, avec l'inconscience éclatante de cet âge. Bien peu de temps après, vu d'aujourd'hui, un mystérieux rendez-vous romantique, une lettre pleine de charme d'un inconnu, puis un autre rendez-vous refusé malgré ce sourire engageant, après tout de même une légère hésitation.
Avant 30 ans mais pas si loin, changement radical, nouvelle orientation professionnelle, dans l'enthousiasme et auréolée de l'admiration quasi générale.
Avant que n'arrive la quatrième décennie, un autre bouleversement bien plus intime va entraîner une cascade d'événements, de remises en question et de départs.
La dernière... est trop récente sans doute pour y distinguer quoi que ce soit. Sauf qu'à bien y réfléchir, mais oui, c'est vers cette époque que fut franchi un nouveau pas, un nouveau changement qui à son tour en entraîna d'autres !

Finalement très intéressant ce petit voyage dans ma mémoire qui fait se dessiner une route. Si ça vous dit d'esquisser la vôtre...


La Route
Georges Chelon


Une route sous le vent, s'en va vers un ailleurs.
Elle est longue, longue, longue, comme un cri du coeur.
Elle commence à l'école, sous les jours de pluie,
Elle continue, un peu folle, son enfance et puis...

C'est une route sauvage qui cherche un bonheur,
Un compagnon de voyage pour voir en couleurs
La montagne, la rivière, les petits matins,
Puis elle passe la frontière du premier chagrin.

Sur la route raisonnable que l'on fait à deux,
Dans un décor confortable, on s'ennuie un peu.
Les photos de la famille, comme des regrets,
Posent de face et de profil sur la cheminée.

Qui peut dire : "C'est ma route et je l'ai choisie" ?
Est-ce qu'elles se rejoignent toutes au bout de la vie ?
Sur la route de mon temps, qui va vers ailleurs,
Moi je n'entends que le vent comme un cri du coeur.

3 commentaires:

La méli-mélo a dit…

Jolie idée je vais tenter...

Ed a dit…

Je tente aussi. Je remonte tout en redoutant ce que je vais trouver. Car je crois que j'ai une conscience très consciente de tout ce que m'ont apporté chacune de mes décennies, un peu comme si j'avais fait le bilan très régulièrement, sans jamais oublier.
La première, une enfance heureuse, oui, la capacité au bonheur, l'héritage de l'ouverture aux autres et de la curiosité permanente. La deuxième, mon premier amour, chaste et passionné, et mon premier deuil, fulgurant et indicible, la persévérance dans mes choix malgré les difficultés. La troisième, mon indépendance, ma première passion physique et mon vrai premier amour, construit, qui m'apprend à me reconstruire, malgré le deuxième deuil, exactement dix ans après et la découverte de mon homosexualité. La quatrième, la capacité de survivre à une rupture et à mon troisième deuil encore dix ans exactement plus tard, la capacité de reconstruire. La cinquième, la sérénité et la capacité à arrêter la fatalité. La sixième, je l'ai juste commencée, et j'aimerais qu'elle m'enseigne la capacité de me sentir encore jeune et vivante, en acceptant de vieillir sans frayeur.

Axel a dit…

Quelle plume, Ed !

Merci d'avoir partagé ici. En première lecture, sans minimiser les chagrins, je lis surtout l'amour sur ta route.