C'est étrange comme la routine peut vite s'installer même dans ce qui, vu de l'extérieur, pourrait paraître complètement discontinu.
En une seule semaine, j'ai complètement perdu mes repères... alors ne parlons pas de mes élèves !
Mardi, stage en interne, mercredi, jeudi, stage à 70 km d'ici, vendredi toute petite journée. Résultats : j'ai vu chaque classe une seule fois dans la semaine. Du coup, chacun avait un travail à faire pour aujourd'hui ou demain, rien d'extraordinaire, mais il fallait tout de même chercher un minimum. 7 élèves sur 25 la première heure (et encore pas forcément sept réussites !), et le score ne s'est pas amélioré pour les suivants, je crains le pire pour demain où je retrouve la plus faible de mes classes...
Sans compter qu'il a fallu rappeler toutes les règles et tous les rituels, incroyable mais vrai, il a suffi de trois jours sans cours pour que tout passe par dessus bord !
Et comme de mon côté, j'ai dû resserrer sur un week-end les activités ordinairement réparties sur la semaine, ma patience était assez limitée...
Pourtant c'était bien agréable de changer d'activités, de public, de collègues. J'y ai même rencontré un prof de maths passionné et compréhensible (qui en plus vient du collège où j'ai eu mon premier poste, mais ça n'a pas joué parce que je ne l'ai appris qu'à la fin du stage). Et deux collègues en lycée technique qui, une fois de plus, ont corrigé mes à priori. L'un parce qu'il est très littéraire, et a fait incidemment remarqué qu'il avait redoublé trois fois (!) sans que cela l'ait traumatisé. L'autre parce que sa façon de se tenir, de s'habiller, de parler, tout m'évoquait l'image d'un catholique pratiquant (et j'ai les images mentales que je veux, d'abord ! - mais, pour avoir une idée, il ressemble beaucoup, en plus réservé quand même, au chroniqueur famille nombreuse de l'ancienne version des Maternelles - comment ça, ce n'est pas plus clair ?!?). Enfin, "bref", le supposé bigot s'est révélé particulièrement ouvert et attentif aux autres.
Et en vrai... j'aime bien que la réalité vienne bousculer mes stéréotypes, et déjà m'en faire prendre conscience. C'est d'ailleurs l'une des choses que j'admire éperdument chez Patrice Chéreau : sa faculté de démolir l'air de rien les certitudes. J'ai déjà écrit que je n'aime pas les certitudes ?
Donc là je commence une semaine complète. Une semaine complète qui devrait être plus fatigante et moins fatigante à la fois. Pas d'aller-retour au milieu des poids-lourds, plus besoin de rester concentrée quasi non-stop pendant six heures avec des notions plutôt complexes et/ou tout à fait nouvelles, du temps "libre" réparti au fil des jours. Oui, mais, retour des copies, de la discipline, des questions cent fois réitérées, des "on comprend rien", "ça sert à rien", des jugements à l'emporte-pièce, et, pendant qu'on y est, des réunions successives mais pas forcément utiles.
Le bon côté des choses, c'est que les formations me rappellent toujours que j'aime ce métier et pourquoi je l'ai choisi.
L'autre point positif c'est que l'hiver n'a durablement entamé ni mon moral ni ma forme.
Allez, juste un petit dépit pour la forme : les sites (parce que les deux m'ont fait le coup quand même !) qui annoncent la sortie du nouveau Bordage, enregistrent la commande, et ... attendent près d'une semaine pour annuler la "commande indisponible" sans autre précision !
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5 commentaires:
Et si, de temps en temps, tu nous racontais un "bon moment" en classe : une réussite étonnante, un bon mot, un rire collectif, un intérêt éveillé...
Mince alors, je le croyais positif ce billet !
Promis, je vais y penser ;-)
Oui, il est positif... dans un sens ! Mais avoue que l'image du retour aux classes ne fait pas vraiment envie...
La vie de prof n'est pas un long fleuve tranquille, je sais bien ! Mais les moments de grâce, si courts soient-ils, sont nombreux, et méritent bien qu'on en parle... ne serait-ce que pour se souvenir qu'effectivement, ce métier, on l'a choisi, et que ce choix se confirme au fil du temps, malgré tous les accrochages et obstacles qui surgissent...
Amicalement,
Il me semble que ce métier n'est plus celui que j'ai choisi, en tout cas l'institution pour laquelle j'étais prête à donner la moitié de ma vie, a été pulvérisée, et ça empêche vaguement d'être positive.
Dans notre acad', un seul voeu de stage était possible cette année. Et moi, comme une quiche, j'ai raté la date d'inscription, le 30 juin, pour nous c'est en plein dans le bac, on a du mal à se rappeler, que pour le rectorat apparemment, c'est encore la date officielle des vacances !
Les dates sont mal choisies en effet, mais nous pouvions nous inscrire jusqu'au 4 sept. il me semble.
Un seul stage... disciplinaire peut-être ? Je choisis plutôt la motivation, la psychologie de l'adolescent, les élèves en difficulté, ces dernières années, allez savoir pourquoi !
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