mardi 29 avril 2014

Pleine conscience

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris le temps tout simplement de ne plus faire deux ou trois choses en même temps. Profiter de l'instant présent s'est toujours révélé un effort considérable mais je crois que ces dernières années, je n'y pensais même plus.
Pas sûr que j'y arrive pour autant, en ayant à peine constaté les bienfaits j'ai déjà du mal à m'y tenir.
Il n'empêche que ces deux jours sont les plus reposants et apaisants connus depuis des lustres.

Pas encore la pleine conscience, qui ne reste qu'une notion lointaine, mais une toute nouvelle atmosphère néanmoins.

Je m'interroge en ce moment, sans trop approfondir, sur le destin, la nature humaine, la nature de l'univers et bien que cela n'ait plus rien à voir avec l'intensité ancienne, qui me coupait littéralement du monde, cela me rappelle un passé dont j'avais presque perdu la mémoire.

Un univers en expansion et où la création serait continue, non plus un cercle dans un cercle contenu dans un cercle, mais à divers endroits de chacun d'eux d'autres cercles concentriques qui en engendrent d'autres, sans cesse et à toutes les échelles, peut-être interconnectés. De quoi rêver longtemps... ou perdre la raison.

Une raison d'être, peut-être pas évidente, peut-être unique, peut-être pas. Des interactions impossibles à connaître toutes mais aussi essentielles que la trame et la chaîne, sur une vie, sur plusieurs générations. L'histoire du battement d'ailes du papillon en somme. Ou des Ta'veren plutôt, idée qui présente l'avantage d'intégrer aussi le hasard et une relative liberté.

Du choix ou des rencontres qui font que les mêmes malheurs, les mêmes souffrances, les mêmes manques pourraient bien conduire l'un au dévouement et l'autre à l'agressivité destructrice.

"Time is a wheel with seven spokes, each spoke an Age. As the Wheel turns, the Ages come and go, each leaving memories that fade to legend, then to myth, and are forgotten by the time that Age comes again. The Pattern of an Age is slightly different each time an Age comes, and each time it is subject to greater change."
 Ta'veren - "A person around whom the Wheel of Time weaves all surrounding life-threads, perhaps ALL life-threads, to form a Web of Destiny."

dimanche 20 avril 2014

Midnight in the Garden of Good and Evil

Je ne crois pas aux normes universelles. Je n'y ai jamais cru, je crois. En tout cas, je me souviens très bien de révoltes silencieuses quand une autorité morale affirmait le contraire, que ce soit au catéchisme, en classe, en cours de philosophie, ou en famille.

Adolescente dans une époque qui, contrairement aux apparences, pouvait se montrer bien plus ouverte qu'aujourd'hui, j'ai eu maintes occasions d'entendre, voire de participer à des discussions enflammées, et surtout de lire, souvent, des mises en doute de la notion même de perversité.

J'étais curieuse, avide de connaissances sans aucune hiérarchie, et j'ai lu sans préjugé bien des textes qui présentaient avec naturel, avec une sorte d'innocence touchante et éminemment troublante, des désirs, des pratiques hors normes. Des expériences intenses et bouleversantes le plus souvent.

C'est peut-être de là que viennent mes plus fortes passions littéraires ou artistiques, mais peut-être aussi était-ce déjà là depuis toujours. Le paroxysme d'émotion lors de chacune de ces rencontres initiales m'incite d'ailleurs à pencher pour la deuxième possibilité.

Rien à voir il me semble avec les provocations sans nuance que l'on trouve partout sur le net, et pas grand chose non plus finalement avec les rares personnes qui parlent sans fard de certains de leurs choix - et sont aussitôt assaillies de commentaires plus ou moins outrés mais invariablement majoritaires.

Pendant un temps connaître l'autre versant, moins lisse, créait une complicité immédiate avec d'autres, et une sorte d'aura auprès de personnalités plus classiques, que je pensais seulement alors moins curieuses des profondeurs obscures.

Et puis un jour, sans bien comprendre, je fais face à une réaction indignée, sans nuance. Juste pour avoir apprécié Les Nuits Fauves qui venait de sortir. Vingt ans plus tard, alors même que la vulgarité s'étale partout, on dirait que la bien-pensance a tout envahi. En tout cas, c'est mon impression tenace quel que soit le lieu, quel que soit le milieu.

Je me sens de plus en plus étrange étrangère au milieu de mes contemporains. Mais à tenter d'y réfléchir ici, je me rends compte que la période de grâce qui me semble aujourd'hui une unique parenthèse a, en réalité, été précédée et suivie d'un temps bien plus inconfortable. Je ne désespère donc pas de la revivre à nouveau, de sentir à nouveau partagé le goût de la complexité du monde et d'y voir rechercher l'harmonie et l'équilibre sans manichéisme, sans manifestations de vertu outragée de qui, quelle ironie, piétine chaque jour la délicatesse et ignore l'empathie.





dimanche 13 avril 2014

Paradoxe temporel

19 h 48... Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire de mon week-end ? Je ne l'ai pas vu passer...

Les copies du brevet blanc attendent toujours, tout comme les nouvelles versions des contes, les rares dossiers poésie rendus à temps, et même les mails mis de côté pour la fin de semaine.

Il fait encore jour et j'ai bien le souvenir d'avoir profité du soleil, mais encore ? Quelques épisodes de séries, mais pas tant que cela, la fin de saison pour Suits, un nouvel épisode de Following, visionné deux fois pour "entendre" la VO sans trop lire les sous-titres, certes, mais je n'ai toujours pas trouvé le temps de commencer la deuxième saison de House of cards.

Ah, un aller retour à la médiathèque pour faire provision de livres mais j'ai à peine commencé un nouvel épisode de la Culture de Iain M. Banks avant que mes yeux larmoyants n'imposent l'extinction des feux.

Pas de musique, à peine quelques infos, et je n'ai pas l'impression d'avoir passé tant de temps que cela sur l'ordinateur non plus. Quelques recherches pour un lycéen procrastinateur il est vrai.

Des passages fréquents en cuisine par contre, plus pour grignoter sans jamais être rassasiée que pour cuisiner avec art.

Non, j'ignore où sont passés ces deux jours, ponctués cependant d'une nuit difficile ce me semble, entre gorge irritée et réveils successifs.

J'ai juste pris le temps sans doute, et le temps est passé sans heurt, paisiblement. Mais, tout de même, c'est un tout petit peu troublant comme impression.

samedi 12 avril 2014

De la mouche et du canon

Un violeur, 527 personnes sommées de se soumettre à un test ADN. 527 personnes dont des centaines de mineurs.
Qui refuse (comme la loi l'y autorise encore) sera placé en garde à vue afin de pouvoir perquisitionner son domicile.
Mais dormez tranquille, braves gens, les fichiers seront détruits. Bien sûr...

Ce monde me fait un peu plus peur de jour en jour.

jeudi 10 avril 2014

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles

Eh bien, non, je ne suis pas du tout d'accord. Surtout quand il est 19 h 30 et que le téléphone est sur répondeur.

Mais je fais des progrès côté sérénité, je n'imagine plus de scénario catastrophe et j'attends presque calmement le retour du fils prodigue.

Contrôle technique cet après-midi, dans un coin perdu mais qui offre des prix intéressants si on réserve à l'aveuglette sur le net (à l'aveuglette parce que l'adresse exacte n'est fournie qu'après le paiement...). Le temps parfois joue vraiment de drôle de tours, deux ans déjà ? (et même un peu plus dit la carte grise narquoise...) Mais comment est-ce possible ? Je me souviens très, très bien du dernier contrôle... Deux ans peuvent-ils tomber dans un trou noir ?
Pendant une seconde, je me suis vraiment cru dans un film fantastique, deux ans disparus, un monde parallèle peut-être ? Les jours sont-ils si monotones qu'ils passent ainsi sans laisser de traces ?
Une seconde seulement. En fait, ce doit être tout le contraire, un rythme infernal qui fait oublier le passage des jours.
Et c'est comme cela que j'ai évoqué lundi matin les élèves passés "hier" au collège. L'air interloqué de ma collègue m'a vite fait réaliser que j'avais effacé tout le week-end après deux heures à peine dans l'établissement !

Une période apparemment propice aux rencontres d'anciens élèves un peu partout, en visite au collège donc, mais aussi dans la rue ou dans les magasins, parfois même ils y travaillent, avec le sourire et vous interpellent tout heureux de vous revoir. Et ça fait du bien, surtout après une journée à se demander si j'enseigne toujours ou si je passe le plus clair de mon temps à rappeler la plus élémentaire politesse...

Petits problèmes de santé certainement dûs au stress. Médicaments chez le médecin, conseils alimentaires sur le net. Apparemment très efficaces les conseils, je me sens très vite bien mieux que toutes les fois précédentes avec les seuls cachets. Mais l'inquiétude et la fatigue ne font pas bon ménage, en tout cas pas chez moi, avec une quelconque discipline alimentaire. Et pour le coup les douleurs reviennent en force, mais on ne peut pas lutter sur tous les fronts, des hauts, des bas, toujours pas d'équilibre. Tant pis. Un jour, un peu plus tard, j'y arriverai un jour.

On ne peut pas prier pour la pluie et se plaindre quand on est mouillé - Simon Collins. Un cadeau de Noël resté sur la pile jusqu'aujourd'hui. Pas absolument convaincue par le style mais j'aime le ton et l'idée : la beauté évidente de la nature, en l'occurrence des montagnes de Savoie, une beauté qui nous dépasse, nous élève et nous comble.