samedi 14 novembre 2009

Les gens sont étranges

En bonne santé, un patrimoine confortable, deux filles bien mariées, elle pourrait aspirer à un repos bien mérité.
Mais non. Toujours là, montant des projets pour obtenir des heures supplémentaires pas trop fatigantes, Madame Pincée distille son venin et ses critiques acerbes du matin au soir.
A force de conflit pas toujours larvé avec l'administration, son emploi du temps cette année est particulièrement mal fichu, du coup elle parle de retraite et s'arrête à la première occasion.
Une allure juvénile et les vêtements qui vont avec, Madame Pincée a tout de même 61 ans, et n'aime rien ni personne. Et surtout pas les élèves, qui le lui rendent bien mais ne vont jamais jusqu'à l'affrontement, bien placés pour savoir qu'elle peut être vraiment mordante...

Madame Snes, elle, monte toujours au créneau, que ce soit pour défendre les élèves ou pour pointer les "dysfonctionnements". 28 ans dans l'établissement, personne ne lui résiste, ni les principaux successifs, ni les collègues de sa matière, ni le conseil d'administration. Si Madame Snes dit non, ce sera non. Tout le monde la connaît. Aucun problème apparent en classe quel que soit le recrutement, même si elle aura aussi de toute façon "la" bonne troisième. C'est toujours à elle que l'on confie les stagiaires.
Un pilier de l'établissement.
Une caricature de prof. aussi, qui ne parle que boulot, révère la "culture" (élitiste de préférence), et n'attache aucune importance à son apparence.

Et voilà que sans crier gare, elle demande sa mutation.
Une mutation avec des voeux si larges que malgré ses 28 ans de stabilité, son expérience de déléguée syndicale, sa hors classe, elle se retrouve relativement loin de chez elle dans un établissement où personne ne la connaît, où personne ne cherche à la ménager. Pas vraiment plus calme (un peu quand même), juste ailleurs, ailleurs à tout prix...

Toutes les deux ont des relations difficiles avec les collègues, elles ne sont pas éminemment sympathiques, elles ont toujours un reproche à formuler, une colère à exprimer. Toutes deux sont absolument incontournables. Toutes deux vont, dès la pré-rentrée, à la rencontre des "nouveaux" qu'elles délaissent aussitôt cernés. Toutes deux me seront restées parfaitement incompréhensibles...

ghost girl ll Pictures, Images and Photos



Et je me demande quel portrait chacune d'elles pourrait bien faire de moi...

5 commentaires:

emy a dit…

j'adore ces 2 portraits, je reconnais évidemment mes propres collègues. Je n'avais jamais pensé à comment elles se retrouveraient dans un nouvel établissement en petite nouvelle. J'avais une collègue dans mon ancien collège qui était femme de colonel, elle menait ses élèves de la même manière, n'avait jamais un élève à problème car elle les excluait dès le début de l'année. Elle demande tous les ans sa mut pour le collège de l'autre coté de la rivière qui est bien mieux fréquenté...J'avais elle ne l'a obtenu mais finalement je ne lui souhaite pas, ça serait effrayant qu'elle se rende compte qu'elle vit avec des privilèges...

emy a dit…

merci pour ces portraits de mes collègues ! j'avais écrit un message mais il s'est effacé :(
mais j'expliquais que je n'espérais pas pour ces collègues d'avoir leur mut... la confrontation avec la réalité doit être trop dure.

Axel a dit…

Tu as les mêmes Emy ? C'est vrai que des "gens étranges" j'ai dû en rencontrer dans chaque établissement finalement, même si ce sont ces deux cas là qui m'interrogent aujourd'hui.

Mais j'ai l'impression qu'elles seront fidèles à elles-mêmes où qu'elles se retrouvent. La première année est certainement difficile pour Mme Snes, mais je parie qu'elle aura retrouvé une position de force dès la seconde année...

Ed a dit…

Ca me fait rire, moi qui suis la madame SNES de mon établissement. Mais à moi, on me dit non parfois, et il y a des classes qui me résistent.
Néanmoins, je ne sais pas rester en retrait dans un établissement. Enfin, jusqu'à maintenant, car là, l'épuisement est là, et l'avenir me ferait vomir.

Axel a dit…

Je ne crois pas Ed que tu puisses lui ressembler - ou alors il aurait fallu qu'elle écrive un blog et que je le connaisse pour réaliser que je me trompais du tout au tout...

Des représentants syndicaux jamais en retrait et toujours prêts à aider ou à se révolter, j'en ai connu au tout début mais ici elle prenait toute la place et son aide n'était jamais désintéressée...

PS - épuisement et dégoût... hélas ce sont des sensations qui reviennent bien trop souvent ces temps ci...